L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

Premier torero français d’envergure, statufié sur le parvis des arènes, Christian Montcouquiol est décédé en novembre 1991, à l’âge de 37 ans. Son souvenir est intact.

La mèche désormais grisonnante au-dessus des planches, il continuerait certainement à conseiller et encourager ceux d’aujourd’hui, comme ceux d’hier. Ces toreros de France pour lesquels il a ouvert les portes. Nimeño II est mort le 10 septembre 1989 en retombant inanimé sur le sable d’Arles ; Christian Montcouquiol l’a rejoint le 25 novembre 1991.

Ce 10 mars, il aurait eu 70 ans. « Sa trace est toujours là, dans le cœur des gens », constate Gilles Raoux, 28e matador de toro français (alternative le 25 mai 1995). Pourquoi pareille indélébilité ? « Pour ses extraordinaires qualités taurines, bien sûr, mais aussi humaines. Son charisme, sa façon d’être, sa faculté à être proche des gens, et des Nîmois particulièrement. »

« Personne n’a eu cette relation fusionnelle avec Nîmes »

L’adjoint administratif des musées du Vieux Nîmes et des Cultures taurines était de ces nombreux gamins qui allaient le voir s’entraîner à Caissargues, et que le maestro ramenait parfois à Nîmes, à bord de sa Mercedes. Le petit Swan Soto s’y trouvait aussi, de temps en temps, avec son père. « Je me souviens de ses mains, j’étais à leur hauteur…, raconte le 32e matador de toro français (1998), auteur de l’affiche des ferias 2024 (lire ici). Je les regardais quand il toréait, quand il parlait : j’étais fasciné. »

Nimeño II. Photos Michel Pradel

« Personne n’a eu cette relation fusionnelle avec les arènes et le peuple de Nîmes, souligne Frédéric Pastor, Adjoint à la Tauromachie. Il était d’une très grande humilité, sincérité et simplicité. Il était LE NÎMOIS. Quand les gens allaient au bureau des arènes pour acheter leurs billets, ils demandaient quand il toréait. On montait toute une feria autour de Nimeño II. » Bien au-delà de l’antique cité, il a changé l’histoire de toute la tauromachie française en défrichant, à force de courage et de triomphes, le chemin montré par les pionniers Simon Casas et son frère Alain, Nimeño I.

Bio express

Né à Spire (Allemagne) le 10 mars 1954.

Présentation en piquée le 28 mai 1972 à Lunel.

Remporte la Cape d’or en 1976 et 1977

Alternative à Nîmes le 28 mai 1977.

Blessé par Pañolero (Miura) à Arles le 10 septembre 1989.

Décès le 25 novembre 1991

« Il a fait admettre outre-Pyrénées que, oui, un torero vedette pouvait être français », poursuit l’élu. Depuis, Sébastien Castella et Juan Bautista sont allés plus loin. Statistiquement. « Mais selon moi, lance Gilles Raoux, il est intouchable, il restera à jamais LE torero de France. »

« On apprend sa légende dans les écoles taurines »

Solal Calmet n’a pas connu Nimeño II. Et pour cause, il est né presque 10 ans après sa disparition. « Mais il continue de vivre dans les écoles taurines, on apprend sa légende en y arrivant, témoigne le jeune torero, 23 ans. Et on y banderille pour lui ressembler ! » Lui, 73e et dernier matador de toros français et nîmois en date (septembre 2023), s’inspire-t-il de son auguste aîné, dont il a vu des heures de vidéo ? « Pas forcément en termes de technique pure, car la tauromachie a beaucoup évolué en 30 ou 40 ans, reconnaît Solalito. Mais de sa philosophie ou de sa manière d’être, oui. Quand je m’entraîne à Caissargues, où dans des élevages où il allait, je pense à lui. »

La statue du torero, signée Serena Carone, sur le parvis des arènes de Nîmes. Photo Stéphane Ramillon

Nimeño II, enfant éternel de toute une cité. Parce que son attachante personnalité et son tragique destin, superbement couchés sur le papier par son frère Alain dans Recouvre-le de lumière (1997) et trois recueils de nouvelles. Parce que la statue installée par la Ville devant les arènes, aussi. « La plus grande réussite, c’est de l’avoir placée au sol, à hauteur d’homme, appréciait sa créatrice Serena Carone, en voyant, plusieurs années après sa livraison, que l’acidité des mains avait çà et là donné des teintes dorées au bronze. Ce sont les caresses des Nîmois qui lui ont donné son habit de lumière. »

Printemps de l’aficion

Hommage sera rendu à Nimeño II à l’occasion du Printemps de l’aficion, centré sur le week-end du 12, 13 et 14 avril, avec une thématique axée sur le flamenco. « On évoquera sa mémoire et sa carrière, indique Frédéric Pastor, Adjoint à la Tauromachie. Notamment, comme c’est une manifestation axée sur la jeunesse, son apprentissage et le sillon qu’il a creusé pour les générations futures. »

Le programme. Exposition, projection, danse, conférence et abrivado du 12 au 14 avril. Dimanches 7 et 21 avril, journées pédagogiques au campo. En raison des travaux de sécurisation en cours dans les arènes, la novillada sans picadors sera intégrée à la Feria de Pentecôte.

Par Mathieu Lagouanère

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