Unesco J-4 : Nîmes est déjà prête pour une inscription au patrimoine mondial
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La 45e session du Comité du patrimoine mondial, qui se tient en Arabie Saoudite jusqu’au 25 septembre, se prononcera sur la candidature de la Maison Carrée à l’Unesco. Septième volet de notre série spéciale : comment la Ville s’est préparée à la suite.
Entrer dans le club très fermé des biens inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco, ça ne s’improvise pas. Pour y prétendre, il faut remplir des conditions très exigeantes et franchir de nombreuses et strictes étapes administratives. Depuis son inscription sur la liste indicative des biens français en 2012, la Ville de Nîmes les a toutes validées les unes après les autres. Un travail de Romain !
Dans le cadre de l’épais dossier de candidature, il s’agit notamment de présenter un plan de gestion précis. Objectif de ce document, élaboré en collaboration avec l’Etat français : lister « les mesures de protection, de conservation et de mise en valeur à mettre en œuvre pour assurer la préservation et le partage de la valeur universelle exceptionnelle du bien », la Maison Carrée en l’occurrence. Parce qu’une inscription Unesco n’est pas une fin en soi, c’est aussi un engagement envers l’avenir, celui de la transmission du patrimoine aux générations futures.
Tourisme : « un impact lissé dans le temps »
Récemment approuvé par les experts internationaux indépendants d’Icomos, le plan de gestion lié à la candidature de la Maison Carrée s’articule autour de 10 objectifs et 21 actions (lire l’encadré ci-dessous). Parmi eux : « le maintien de l’intégrité et de l’authenticité du bien », avant tout, bien sûr. Mais aussi l’amélioration de la connaissance scientifique sur le monument, la maîtrise du paysage urbain environnant (tout en y maintenant vie locale et activité commerciale), la gestion des risques (inondations, notamment) ou encore, entre autres, le « développement d’un tourisme durable et responsable ».
Car une inscription sur la liste du patrimoine mondial est en effet souvent synonyme de hausse du nombre de visiteurs. La Ville de Nîmes suit régulièrement les rencontres de la « chaire Unesco tourisme » à la Sorbonne qui aborde et traite de ces sujets. Celle-ci observe une fréquentation croissante dès l’inscription, avec des visiteurs provenant, en très grande partie, dans un premier temps de la région.
Indépendamment du dossier Unesco, on s’applique déjà à garantir des conditions de visites optimales et à éviter tout risque de surfréquentation touristique.
« Oui, bien sûr, on s’attend à un impact sur la fréquentation touristique, mais on ne peut pas vraiment le quantifier, tempère Xavier Douais, Adjoint délégué au Tourisme. Et on ne s’est fixé aucun objectif ! A mon sens, cet impact va de toute façon être lissé dans le temps, il faudra trois à cinq ans avant de véritablement trouver le nouveau rythme de croisière, le temps notamment qu’apparaisse « La Maison Carrée de Nîmes, patrimoine mondial » dans les circuits et les guides des touristes venus des destinations lointaines. »
La gestion des flux : dans le temps et dans l’espace
Mais la Ville de Nîmes est d’ores et déjà, et depuis plusieurs années, engagée dans la voie d’un tourisme responsable. « Indépendamment du dossier Unesco, on s’applique déjà à garantir des conditions de visites optimales et à éviter tout risque de surfréquentation touristique, poursuit l’élu. Pour cela, nous avons mis en place les dispositifs et les outils nécessaires. Par exemple, on essaie déjà d’étirer le plus possible la saison touristique et de faire en sorte que les visiteurs ne se concentrent pas sur les mêmes endroits. Ces notions de gestion des flux dans le temps et l’espace sont en permanence au cœur de nos préoccupations. »
- Dans le temps, avec un programme d’événements forts répartis tout au long de l’année. Ou encore avec tout le travail réalisé en faveur du développement du tourisme d’affaires, avant même l’avènement programmé du futur Palais des congrès fin 2025.
- Dans l’espace, avec l’édition d’un guide touristique à l’échelle de l’Agglo. Avec la stratégie de présenter la destination Nîmes comme « un camp de base » idéal pour découvrir aussi ses alentours. Ou encore avec la création du City pass qui offre un accès à l’ensemble des sites de la ville (monuments, musées).
« C’est aussi dans le but de diffuser au mieux la fréquentation touristique à travers la ville qu’on ne fournit pas, par exemple, de cartes avec des parcours fléchés comme cela peut se faire ailleurs, détaille le directeur de l’Office de tourisme Xavier Labaune. Il ne faut pas que tous les visiteurs se cantonnent au boulevard Victor-Hugo : on souhaite justement qu’ils se dispersent, qu’ils découvrent par eux-mêmes notre beau centre-ville et son art de vivre à la nîmoise. C’est important aussi en termes de retombées économiques, pour les commerçants. »
Un plan de gestion en 21 actions
Le plan de gestion établi, en collaboration avec l’Etat français, dans le cadre de la candidature Unesco s’articule autour d’un programme d’actions. Elles ont été rédigées à partir des ateliers techniques qui se sont tenus dès 2013 et dans lesquels sont représentés l’ensemble des services de la Ville de Nîmes ainsi que leurs partenaires.
Les travaux de ces différents ateliers ont permis d’identifier peu à peu 21 premières actions détaillant clairement, sous la forme de fiches-actions, les objectifs et les finalités à atteindre ainsi que les résultats attendus, la définition de l’action et sa mise en œuvre concrète, les responsables élus et techniciens, institutionnels ou privés en charge de son suivi, les ressources humaines et financières à mobiliser, l’échéancier de réalisation… Bref, c’est précis et concret.
Si ce programme d’actions est planifié jusqu’en 2026, certaines d’entre elles ont d’ores et déjà été réalisées, et pas des moindres. Citons la requalification de la Cella, l’intérieur de la Maison Carrée, la piétonnisation de la rue Auguste, la restauration en cours depuis 2009 des arènes ou, entre autres, tout le travail de sensibilisation mené auprès des scolaires et des publics.