Unesco, J-20 : la Maison Carrée de Nîmes, à la fois universelle et exceptionnelle
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La 45e session du Comité du patrimoine mondial, qui se tient en Arabie Saoudite du 10 au 25 septembre, se prononcera sur la candidature de la Maison Carrée à l’Unesco. Deuxième volet de notre série spéciale : les arguments du monument nîmois.
Louis XIV aurait un temps projeté de la démonter pierre par pierre pour l’installer dans le parc de son château de Versailles. Projet (heureusement) inaccompli : ouf, la Maison Carrée est toujours là, à Nîmes. Là même où elle fut bâtie voilà deux millénaires. Là où aujourd’hui, en parfait état de conservation, elle demeure un témoignage unique au monde pour les générations futures, par ce qu’elle est et aussi par ce qu’elle symbolise. A la fois universelle et exceptionnelle : c’est à ce double titre qu’elle candidate aujourd’hui à une inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco. Explications.
Un temple romain caractéristique
Techniquement, la Maison Carrée est définie comme un « temple romain caractéristique » d’ordre corinthien. Posée sur son podium, elle mesure 17 mètres de haut sur 15 mètres de large et 26 mètres de long. Voilà pour ses mensurations. Bien des Nîmois le savent : son avènement est dédié à la gloire des deux petits-fils et fils adoptifs d’Auguste et « princes de la jeunesse », Lucius et Caius Caesar, comme l’indiquait la dédicace sous son fronton déchiffrée en 1758 par Jean-François Séguier.
« Ce chef-d’œuvre d’architecture antique a traversé les siècles pour nous parvenir quasiment intact, soulignait en 2022 le Maire Jean-Paul Fournier dans un billet à destination des futurs inspecteurs du dossier Unesco, avec toute la beauté et la symbolique spécifique de son décor. » Un décor opulent (sur la corniche, la frise végétale qui court sur trois façades ou encore les chapiteaux de ses 30 colonnes) sculpté en pierre de Lens, dans un calcaire extrait à une vingtaine de kilomètres de là. La Maison Carrée de Nîmes, merveille incontestable.
Une Valeur universelle exceptionnelle
Mais pour figurer sur la prestigieuse liste du Patrimoine mondial, cela ne suffit pas. Au-delà de bien des prérequis techniques (zone tampon, mesures de protection, plan de gestion, etc.), les sites doivent avant tout justifier de leur « Valeur universelle exceptionnelle » (la fameuse VUE, dans le langage des dossiers Unesco) et aussi satisfaire à « au moins un des dix critères de sélection » requis par l’instance internationale. Le dossier nîmois revendique sa conformité au critère IV : « Offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significatives de l’histoire humaine ».
Le dossier nîmois s’appuie sur la démonstration que la Maison Carrée de Nîmes, édifiée entre l’an 2 et l’an 7, représente « l’une des plus anciennes expressions, et des mieux conservées, d’un temple romain consacré au culte impérial ». Une manifestation splendide et unique au monde des valeurs de paix sous le principat d’Auguste, la période de la fameuse pax romana. « Elle témoigne des valeurs de paix durable, de concorde et de prospérité que promut et chercha à garantir l’Empire romain », fait valoir Mary Bourgade, Adjointe déléguée à l’inscription Unesco, au Patrimoine antique et à la coopération décentralisée.
« Des milliers d’heures de travail »
A cet argument historique s’ajoute celui, saisissant, de l’exceptionnel état de conservation du monument. Unique. « Les restaurations entreprises de 2006 à 2010, ont permis, grâce à des milliers d’heures de travail des tailleurs de pierre, de révéler toute la splendeur du monument », fait valoir le Maire Jean-Paul Fournier.
Fin juillet, l’organisation consultative de l’Unesco, l’Icomos, (comité international des monuments et des sites), publiait son évaluation en ce qui concerne la candidature nîmoise. Ce rapport, positif, recommande l’inscription de la Maison Carré de Nîmes sur la liste du patrimoine mondial, notamment pour son état. « L’aspect le plus remarquable est l’état de préservation exceptionnel de sa structure et de son décor, malgré les multiples réutilisations du temple par le passé », apprécient les experts indépendants. En saluant le travail réalisé pour la préservation du temple antique : « L’engagement en faveur de la conservation de ce bien, qui a fait l’objet de restaurations régulières depuis le XVIIe siècle pour retrouver sa forme originelle, est particulièrement notable. »
Aujourd’hui, c’est dans sa beauté quasi-originelle qu’elle s’offre au monde et aux générations futures. Depuis Nîmes, là où elle fut bâtie. Là où se trouve sa raison d’être. N’en déplaise à Louis XIV, après tout.
Les différentes étapes de la candidature : des années de travail
Les premiers travaux vers une inscription de Nîmes à l’Unesco remontent à… 2001. En 2012, la ville est inscrite sur la liste indicative des biens français, une première étape importante. Un premier dossier, bâti sur « l’ensemble urbain de Nîmes », est proposé en 2018, le Comité du patrimoine mondial choisit de « différer » l’inscription.
Avec le soutien du ministère de la Culture et selon les recommandations de l’Icomos, la Ville se remet au travail, encore. Présentation des périmètres, du plan de gestion, etc. : un nouveau dossier est bâti sur la Maison Carrée de Nîmes. L’Etat français le retient et dépose officiellement cette candidature auprès de l’Unesco en janvier 2022. Son examen final aura donc lieu dans quelques jours, à Riyad.