Sylvain Ventre : « Je suis content de venir présenter ce documentaire à la maison, à Nîmes »
Nîmois c’est vous
Sport
L’ancien pivot de l’Usam est le coauteur du documentaire Strong, aussi forts que fragiles, sur la santé mentale dans le sport. Interview.
Interview
Vivre Nîmes : Comment est né Strong, aussi forts que fragiles, ce documentaire sur la santé mentale des sportifs ?
Sylvain Ventre : Quand j’ai arrêté ma carrière de handballeur à l’Usam, j’ai vécu une dépression, que je n’avais pas vue venir. Un moment assez dur : je n’avais pas anticipé l’ouragan émotionnel que provoquerai cet arrêt. Il a fallu que je prenne le temps de me soigner, de me reconstruire. Mais cet épisode de vie est toujours resté en moi et il y a trois ans, j’ai décidé d’écrire là-dessus. Comme je réalisais déjà des films publicitaires dans mon activité, le format vidéo s’est assez vite imposé pour toucher un maximum de personnes, avec l’objectif de lever le voile sur ce sujet tabou.
Bio express
Sylvain Ventre est né à Nîmes le 23 décembre 1981. Il a pris sa première licence à l’Usam à l’âge de six ans et y a joué jusqu’à la fin de sa carrière (au poste exigeant de pivot) à 30 ans. Un arrêt jeune, un peu contre son gré, pour valider à temps les acquis d’un concours de la fonction publique passé avec succès et préparer sa reconversion…
Après un passage à la Ville de Perpignan, à l’Essec Paris (École supérieure des sciences économiques et commerciales), et au sein du groupe Lagardère en tant qu’agent de sportifs, Sylvain a cofondé à Paris une agence de communication spécialisée dans le sport, Willie Beamen, il y a 10 ans.
Cinq grands champions y témoignent : comment les avez-vous rencontrés, puis convaincus ?
Depuis plus de 10 ans, dans mes fonctions d’agent puis avec mon agence de communication, j’ai échangé avec de très nombreux sportifs qui m’ont parlé d’une période de burn-out, de dépression, de passage à vide… Pour Strong, j’en ai recontacté cinq d’entre eux (Jérémy Florès, Camille Lacourt, Perrine Laffont, Valentin Porte et Ysaora Thibus, NDLR) qui ont chacun des causes derrière cela et des histoires différentes. Tous se sont engagés autour d’un socle commun : la volonté de témoigner et de libérer la parole sur le sujet. Mais je ne vous cache pas qu’avant de consacrer un an au tournage, il a aussi fallu un an pour les convaincre…
On a passé pour cela beaucoup de temps avec ces athlètes. Et puis chaque interview « face caméra » a duré au moins trois heures. C’était des tournages très éprouvants pour eux car ça les amenait à revivre ce qu’ils avaient traversé, à mettre des mots sur les maux. Au final, le documentaire s’articule en trois parties : « naître » (devenir un champion), « tomber » et surtout, « renaître », le chapitre auquel on consacre le plus de temps. Parce que c’est cela le plus important.
Découvrez le teaser officiel de ce film documentaire :
En quoi est-ce important, justement, de porter ce sujet ?
Parce que c’est un sujet de santé publique ! Le message doit passer auprès des jeunes athlètes : oui, on a le droit d’aller mal et oui, on a le droit d’en parler. Si on n’en parle pas, on ne s’en sort pas. Alors que si on en parle, que l’on se soigne, on en sort plus fort. Vous savez, quand on est sportif et qu’on se blesse au genou, on est très bien accompagné. Mais pour les blessures psychologiques, là, ce n’est plus pareil…
Aux Etats-Unis, grâce à des figures telles que Michael Phelps (natation), Simone Biles (gymnastique), ou Naomi Osaka (tennis), voilà quelques années que le sujet est évoqué. Mais chez nous, la parole commence à peine à se libérer, avec la récente tentative de suicide du joueur de l’OGC Nice Beka Beka, ou les prises de parole de Lucas Pouille ou cette semaine encore de Thierry Henry. Mais c’est le premier documentaire en France qui traite de ce sujet, avec cinq athlètes qui sont de véritables champions dans leur discipline.
Un documentaire, déjà visible sur Prime vidéo, que vous allez venir présenter à Nîmes, en compagnie de Valentin Porte, le 19 octobre. Comment cet événement a-t-il vu le jour ?
Quand on a présenté ce qu’on appelle la note d’intention, la plateforme d’Amazon a adoré le projet et a accepté de financer le tournage. C’est formidable pour nous et ça offre une très belle visibilité au doc.
En ce qui concerne Nîmes, c’est une histoire d’amitié, celle que j’entretiens avec Alain Ratat, kiné de l’Usam et de Nîmes olympique. Son épouse est à l’origine de l’association Impulsions qui avait déjà organisé une conférence sur ce thème, l’an passé. Une association qui est devenue partenaire de notre documentaire. Je suis très content de rentrer « à la maison » et de présenter ce film ici, de le montrer à mes proches. C’est un projet important pour moi, que j’ai porté avec beaucoup de sincérité.
Une projection-débat événement le 19 octobre à l’Atria
En partenariat avec la ville de Nîmes, l’association Impulsions (ressources en psychologie du sport) organise une projection de Strong, aussi forts que fragiles, suivie d’un débat, dans le cadre des semaines nationales d’information sur la santé mentale. Ce sera le jeudi 19 octobre à l’auditorium de l’Atria de Nîmes à 19h. En présence de Sylvain Ventre et de Valentin Porte, handballeur international français.
Tarif : 8€ (ou 3€ si adhésion en amont à l’association). Inscriptions ici.
Strong, aussi forts que fragiles est un documentaire sociétal de Sylvain Ventre, Bertrand Briard et Emmanuel Le Ber. Durant un peu plus de 80 minutes, Jérémy Florès (le plus jeune surfeur de l’histoire à se qualifier pour l’élite mondiale), Perrine Laffont (championne olympique de ski de bosses en 2018 à 19 ans), Camille Lacourt (quintuple champion du monde de natation), Ysaora Thibus (championne du monde de fleuret) et Valentin Porte (capitaine de l’équipe de France de handball avec laquelle il a remporté le titre olympique en 2021), y livrent « à nu leurs maux, leurs burn-out, parfois leur dépression mais aussi et surtout leur reconstruction ».
Disponible sur Prime vidéo, en exclusivité, depuis le 10 octobre