Steeve Calligaro, président du RCN : « Nîmes est aussi une ville de rugby ! »
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Le Rugby club nîmois lançait officiellement sa saison ce jeudi soir au pied de la Maison Carrée. Objectif : monter en Nationale. Interview avec celui qui préside avec ambition aux destinées du RCN depuis maintenant trois ans.
Enorme affluence, ce jeudi 5 septembre au soir pour le lancement officiel de la saison 2024-2025 du RC nîmois, rue Auguste, au pied de la Maison Carrée. Ambitions sportives, budget, coulisses, projets : en marge de l’événement, le président du club Steeve Calligaro répond à Vivre Nîmes.
Vivre Nîmes : après une élimination décevante en barrage la saison passée, vous avez à nouveau fixé l’objectif de monter en Nationale à l’issue de celle qui s’ouvre. Cette fois, est-ce la bonne ?
Steeve Calligaro : Vous savez, nous évoluons dans une division particulière parce que sur 24 clubs, il n’y en qu’un seul qui monte, le gagnant de la finale. Le perdant de la finale, lui, doit jouer un match d’accession face à l’avant-dernier de la division supérieure. On pourrait dire qu’il y a une montée et demie pour seulement 24 clubs : la porte est assez étroite…
Au-delà de la seule ambition de monter en Nationale, c’est toute la feuille de route du club qui continue de se dérouler. On augmente saison après saison le budget et le groupe de joueurs, à la fois qualitativement et quantitativement. On l’a encore fait cette année en allant chercher 12 joueurs dont sept qui ont joué au niveau supérieur.
Un projet local et durable pour le Rugby club nîmois
Quel est-il ?
Il s’articule autour de deux axes : local et durable. Ce projet-là est tout autant sportif qu’économique. Quand on a créé la société professionnelle, on a voulu que 75% du capital soit détenu par les Nîmois. C’est le cas. Il est porté par moi mais aussi par des gens comme Romain Tissot, Richard Hortiz, Nicolas Ricome, qui est propriétaire du château de Valcombe. Des entrepreneurs du coin, anciens rugbymen, qui se sont réunis et qui veulent refaire du Rugby club nîmois un club professionnel avec un vrai ancrage dans la ville et dans le territoire. Que cela ait du sens.
Autre exemple : nous veillons à ce que cinq à six joueurs minimum sur chaque feuille de match, même ceux de l’équipe première, aient été formés au club.
Et pourquoi durable ?
Pour construire un projet comme le nôtre, on aurait pu se tourner vers des mécènes ; on les aurait trouvés ou pas. Un certain nombre de clubs de rugby ou d’autres sports dans ces divisions à cheval entre l’amateurisme et le professionnalisme sont très fragiles parce que le projet repose sur deux ou trois personnes qui ont beaucoup d’argent. On ne voulait pas se retrouver du jour au lendemain avec un trou dans les finances parce que tel actionnaire est parti en courant…
On mise sur une progression mesurée
Local aussi parce que la priorité est mise sur l’augmentation du nombre de licenciés et le maintien pour toutes nos équipes jeunes dans le meilleur niveau national. Un certain nombre de clubs comme le nôtre font l’impasse sur la formation pour pouvoir monter plus vite, et placent toutes leurs équipes de jeunes dans des sortes d’ententes pour pouvoir mettre 90% de leur budget sur l’équipe première. Nous on ne fait pas ça. On mise sur une progression mesurée, qui est parfois un peu frustrante, mais l’essentiel est qu’elle se poursuive et qu’il n’y ait pas de retour en arrière.
En trois ans, le budget du RCN est passé de 1,6 à 2,8 M€. Quels leviers avez-vous activés pour parvenir à une pareille augmentation du budget ?
On est sur une augmentation budgétaire qui peut paraître rapide mais qui est raisonnée. En fait, on travaille sur toutes les possibilités dont dispose un club moderne et professionnel pour récolter de l’argent ou créer de la valeur… Parce que pour réussir sportivement, il faut aligner les talents sur le terrain, les encadrer avec des gens compétents, avoir des staffs toujours plus importants et tout ça, c’est évidemment de l’argent.
L’argent, on le créé avec un certain nombre de structures et de dispositifs qui ont commencé à être mis en place depuis maintenant un peu plus de trois ans avec l’arrivée de la nouvelle direction et de la nouvelle présidence : ces outils commencent à donner son plein potentiel.
Il y a 330 entreprises partenaires du Rugby club nîmois
Aujourd’hui, il y a 330 entreprises partenaires du RCN, ce qui constitue le plus gros club partenaires du Gard. On ne va plus chercher les seules entreprises pour leur demander de nous aider financièrement, on gère ça comme un réseau d’entreprises. Il y en a qui font partie du business club du RCN qui ne viennent pas aux matches, qui ne s’intéresse même pas au rugby. En revanche, elles veulent participer à nos petits-déjeuners business, faire partie du cercle d’affaires…
On a racheté le Drop, la brasserie attenante au stade. On en a fait un véritable lieu réceptif pour les entreprises. L’an dernier par exemple, la Socri, qui a repris la Coupole des Halles, a fait sa convention des cadres ici. Après les réunions, on leur a vendu du team building avec nos éducateurs sportifs… C’est l’illustration de notre capacité à marier les valeurs du rugby avec celles de l’entreprise.
On a aussi bâti autour du RCN et de son association un fonds de dotation afin de lui offrir une fonction sociétale, de pouvoir répondre à un certain nombre d’appels à projet des collectivités. Au-delà de la promotion du rugby, cela nous permet aussi, de manière pragmatique, de créer de la valeur. C’est un outil qui n’existait pas.
On a aussi créé un organisme de formation, voilà une dizaine de mois. Notre première classe de 14 élèves qui passent le brevet professionnel Jeps (un BP compétences professionnelles indispensables à l’exercice du métier d’animateur, de moniteur, éducateur sportif, NDLR) a commencé cette semaine. C’est une entité à part, sous le statut de centre de profit : une corde supplémentaire à notre arc qui nous permet de proposer à nos partenaires aussi des actions de formation. Un service de plus pour nous ouvrir davantage vers les gens qui ne sont pas forcément « rugby », la société civile, et proposer un service de plus à nos entreprises.
L’enjeu est aussi d’exister dans une ville qui a plutôt la réputation d’être une ville de foot…
Nîmes est une ville de foot, il n’y a pas de débat. Pour autant, dans les années 80 et 90, Nîmes évoluait dans l’élite du rugby français, faisait partie des 20 meilleures équipes du pays… Ici, il y a une « tradition ininterrompue », comme on dirait pour la tauromachie, du haut niveau en rugby, depuis plus de 60 ans. J’étais adolescent dans les années 80, on battait le Stade toulousain au stade Kaufmann…
L’Usam, elle, a été championne de France avec des Lathoud, des Gardent, etc. Et Nîmes ne serait pas aussi une ville de handball ? Il faut quoi, alors, pour être une ville de hand ?
Certains regardent encore le rugby comme un sport du sud-ouest, à l’accent rocailleux
Je crois qu’il y a un public pour tout le monde. Lorsque j’ai vu l’engouement lié à la Coupe du monde de rugby en France l’an dernier, lorsque je regarde le nombre de licenciés du Rugby club nîmois (540), qu’on arrive à agréger 330 entreprises, qu’on a aujourd’hui des échanges avec des grands clubs comme Montpellier ou Toulon qui regardent vers Nîmes et qui aimeraient bien faire de nous leur pépinière et donc nous aider à monter en Nationale…
Certains regardent encore le rugby comme un sport du sud-ouest, à l’accent rocailleux ; ça n’est plus le cas. Il y a beaucoup de jeunes et de familles qui viennent au stade Kaufmann : on a fait beaucoup d’effort sur « l’expérience » stade, avec des feux d’artifice, des expériences musicales, des balades à poney et un certain nombre de nouveautés qui vont arriver cette année… Un chiffre clé : nous sommes à 2300 spectateurs de moyenne sur la saison dernière, ce qui fait de Nîmes le club avec la plus forte affluence de la Nationale 2. Nîmes est aussi une ville de rugby !
La Ville, d’ailleurs, est au soutien.
C’est vrai. Je ne peux que me féliciter du soutien et surtout de la confiance de Monsieur le Maire. Jean-Paul Fournier croit au projet, à son sérieux et à la stabilité des gens qui le mènent. Il nous accompagne depuis trois ans.
Un retard avait été pris sur les infrastructures. Même s’il restera encore du chemin, la mairie fait tout pour le combler : le stade Kauffmann a bénéficié d’un espace partenaire ainsi que d’un stade synthétique qui est livré en ce moment même.