Rencontre avec Kahra, rappeur nîmois vainqueur de la BJT 2024

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Publié le 21 avril 2024Article

Par Yann Benoit


Le jeune rappeur nîmois a remporté le tremplin musical de la Ville de Nîmes, la Bourse des jeunes talents 2024, le 13 avril dernier.

Rencontre.

Comment êtes-vous tombé dans le rap ?

J’ai grandi dans une famille de musiciens, mon père est ingénieur du son. Nous avions un studio à la maison et j’y ai passé mon enfance, il y avait beaucoup de passage et des musiciens en tous genres. Mon grand frère écoutait beaucoup de rap, donc forcément cela m’a mis la tête dedans. Mon père a essayé de me faire goûter les instruments mais vers l’âge de 11 ans, j’ai commencé à écrire et j’ai compris tout de suite que c’était ce que je voulais faire, je n’ai jamais arrêté depuis. J’ai fait mes premières vidéos à l’âge de 15 ans et très vite j’ai commencé à me faire remarquer sur les réseaux sociaux.

Est-ce que le fait de côtoyer des musiciens dans votre jeunesse a influé sur votre univers musical ?

Ou, c’est indéniable. Etre bercé par autant de styles de musique, cela apporte une richesse, qu’on le veuille ou non. Mon père a fait beaucoup de guitare électrique. On me dit souvent qu’il y a un aspect rock dans ma musique, très brut. J’aime les instrumentaux qui claquent, qui saturent un peu. Cela contraste avec les productions actuelles, qui sont très lisses et minimalistes.

Quel est votre attachement à la ville de Nîmes ?

Je suis né ici, je suis toujours ici aujourd’hui et je m’y sens bien. Nîmes, c’est chez moi. Ce que j’aime dans cette ville c’est son patrimoine remarquable, son côté nature et la tranquillité au quotidien. C’est une grande ville qui est encore à taille humaine.

Pourquoi êtes-vous resté à Nîmes ?

Plus jeune, j’avais peur de partir et plusieurs projets me sont passés sous le nez. J’ai compris plus tard que ce que je voulais, ce n’était pas signer dans un label parisien mais plutôt créer une équipe indépendante dans le sud de la France : je me rends compte que c’était la bonne décision. Aujourd’hui, je travaille avec une équipe 100% nîmoise.

Lorsque je suis dans la peau de Kahra, je suis sûr de moi et je n’ai pas peur de me livrer.

Pouvez-vous nous parler de votre projet « Saphir » ?

J’ai composé une quinzaine de titres que j’ai décidé de sortir en trois parties, le tout accompagné de clips. La première est sortie en février, la deuxième sort aujourd’hui et la troisième sortira en juin. J’ai travaillé notamment avec des beat-makers nîmois : Dr Devil, Trizy et Cash Baby.

Que retrouve-t-on dans vos textes ? Du vécu ? De la fiction ?

Ce que j’aime dans la musique c’est surtout de créer une atmosphère. Cela passe par les textes, le vocabulaire mais aussi l’attitude, l’intonation et la manière de rapper. Je ne fais pas du rap conscient ou dénonciateur, je ne prends pas partie. Dans mes sons, on retrouve souvent cette ambiance mélancolique. J’ai commencé à faire de la musique pour parler de mon enfance et puis j’ai imaginé ma vie d’adulte.

On se sert de notre vécu pour exprimer une humeur mais on peut aussi enjoliver les choses, raconter une histoire. Le rap c’est comme regarder un film. Avec les clips, on peut d’autant plus jouer sur ce côté cinématographique et imaginaire. Il faut réussir à se créer une identité mais aussi une entité, jouer avec ce côté mystique. Lorsque je suis dans la peau de Kahra, je suis sûr de moi et je n’ai pas peur de me livrer.

Quel souvenir gardez-vous de votre expérience de la BJT ?

Cela m’a permis de rencontrer du monde et sortir un peu de ma bulle. Je suis heureux d’avoir réussi à séduire le jury avec un projet rap, de remporter ce prix à domicile. Avant la BJT, je n’avais aucune expérience scénique, j’ai travaillé pendant 50 heures pour proposer un show à la hauteur et cela a payé. C’était un vrai baptême. Maintenant, j’ai envie de remonter sur scène et enchaîner les premières parties, aller encore plus haut. J’ai compris que la scène, c’est ce que je voulais faire de ma vie.

Comment souhaitez-vous utiliser votre enveloppe de 10 000 euros ?

Je souhaite financer la promotion de mes projets, étoffer ma communication et prendre un attaché de presse mais aussi réaliser des clips et des visuels pour avoir une direction artistique aboutie. C’est le nerf de la guerre aujourd’hui et c’est ce qu’il y a de plus compliqué à gérer en tant qu’artiste. Je tiens à remercier la Ville de Nîmes pour ce dispositif, de me soutenir et de m’avoir permis de monter sur scène.

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