Portraits : ils font rayonner le cinéma à Nîmes
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Culture

Troisième volet de notre dossier dédié au cinéma à Nîmes à l'occasion du festival des Ecrans britanniques et irlandais qui commence ce vendredi 14 mars. Vivre Nîmes brosse le portrait de Nîmois qui font vivre le septième art dans leur cité.
Directeur de salle, organisateurs de festivals ou passionnés, ils font vivre le septième art dans la Cité des Antonins.
Bernard Raynaud, le camarguais-british

Bernard Raynaud incarne un curieux équilibre entre deux mondes : celui de la Camargue, où il a grandi, et celui des brumes anglaises qu’il a tant explorées. Il est le Président du Festival des écrans britanniques et irlandais de Nîmes depuis huit ans.
Ce natif d’Aimargues, ancien professeur d’anglais, a consacré sa vie à la transmission. Après des années d’enseignement à Casablanca, Font-Romeu ou à Teddington, près de Londres, où il initiait les jeunes Anglais aux subtilités du français, il retrouve Nîmes il y a 30 ans. C’est là qu’il termine sa carrière au lycée Camus et au lycée Daudet, où il fut lui-même élève. Un retour aux sources pour celui qui, adolescent, avait découvert la magie du septième art au club de cinéma de l’établissement. « Le festival des Ecrans britanniques est une ouverture sur le monde, c’est prenant mais c'est très gratifiant de le présider. J’ai eu la chance extraordinaire de déconner avec Terry Gilliam quand même ! »
Anglophile convaincu, il n’en reste pas moins profondément attaché à ses racines camarguaises. Cavalier, amateur d’abrivados, il revendique cette double identité, parfois paradoxale : « Je suis fasciné par la société anglaise et en même temps je suis un Méditerranéen. Alors quand j’ai découvert le documentaire A bull called Marius, fait par la BBC, ça m’a fait sourire. Ce film anglais explique la course libre et la passion pour les taureaux en Camargue. C’est une synthèse de ce que je suis ! ».
Jean-Sylvain Minssen, 10 ans à la tête du Sémaph'
Figure incontournable du cinéma nîmois, Jean-Sylvain Minssen célèbre cette année ses 10 ans à la tête du Sémaphore. Ce cinéma d’art et d’essai, que cet Avignonnais arpente depuis 1988, a marqué un tournant dans sa carrière lorsqu’il y rejoint Alain Nouaille, son fondateur, pour travailler sur la programmation. « Le Sémaf’, je le vois comme un lieu de rencontres et d’échanges, où le film est, bien sûr, le moteur », confie Jean-Sylvain, 62 ans, qui codirige aujourd’hui ce lieu emblématique avec Daniel Vidal.
Avant de s’établir à Nîmes, Jean-Sylvain a fait ses débuts au cinéma L’Utopia à Avignon et a même occupé le poste de projectionniste au prestigieux Festival de Cannes. « Au Sémaphore, nous avons réussi à créer des liens forts avec des réalisateurs comme Tony Gatlif, qui a présenté tous ses films ici. Mais notre plus grande réussite, c’est d’avoir fédéré une véritable communauté : des spectateurs fidèles et engagés, ainsi qu’un partenariat solide avec de nombreuses associations nîmoises », se réjouit ce passionné de cinéma.
À la tête d’une équipe de 14 personnes, Jean-Sylvain peut également se targuer d’un succès remarquable : en 2024, son cinéma a attiré près de 200 000 spectateurs, preuve de l’attachement des Nîmois à ce lieu culturel unique.
Sophie Rigon, l'amie des stars

“Jean Lafont était comme un père adoptif, c’est lui qui m’a fait rencontrer Jean Carrière. Je devais avoir 16 ans ! Cela a marqué le début d’une grande amitié entre le réalisateur et moi”, se souvient Sophie Rigon. C’est à cette Nîmoise de 68 ans que l’on doit le festival Un réalisateur dans la ville, qui enchante les Jardins de la Fontaine depuis 21 ans avec des projections en plein air. Son lien privilégié avec Jean Carrière lui ouvre les portes du cinéma et lui permet de tisser des relations fortes avec Carole Bouquet et Gérard Depardieu.
« Pour notre première édition, nous devions accueillir Martin Scorsese dans les Arènes, mais un imprévu a changé la donne. Nous nous sommes alors repliés aux Jardins de la Fontaine, et Gérard Depardieu a convaincu Bertrand Blier de venir. Et je tiens à dire que Jean-Paul Fournier, passionné de cinéma, nous a toujours soutenus ! » Cette première édition a des allures de tapis rouge avec, autour du cinéaste Bertrand Blier, des invités prestigieux : Charles Aznavour, Jean Reno, Carole Bouquet, Michel Drucker et le réalisateur anglais Hugh Hudson.
« L’événement était gratuit et l’est toujours. J’ai tenu à cette gratuité, car je considère que la culture doit être accessible à tous. C’est mon côté social », confie Sophie Rigon, également passionnée d’opéra et de natation et qui dirige le magnifique hôtel particulier La Maison de Sophie, avenue Carnot.
Depuis, les grands noms du cinéma se succèdent : Hugh Hudson, Claude Chabrol, Claude Lelouch, Jean-Pierre Mocky, Fabien Onteniente ou encore Patrice Leconte. Et cette année, c’est le cinéaste Emmanuel Mouret qui sera à l’honneur en juillet.
Et aussi
- Lui n'est pas natif de Nîmes, mais il a choisi de s'y installer récemment. Fidèle des Halles ou du marché du Jean-Jaurès, le comédien Martin Lamotte est devenu une figure bien connue des Nîmois.
- Le Franco-Américian Marco La Via a grandi à Nîmes, avant de partir s'installer en Californie. Martin Scorsese a coproduit le dernier long-métrage du jeune réalisateur.
- Enfant du Mas-de-Mingue, l'acteur Nassim Lyes brille à l'écran, avec Guillaume Canet et Bérénice Bejo.
- Enfin, saviez-vous que le père de Timothée Chalamet, la jeune superstar mondiale du moment (qui incarne Bob Dylan dans le biopic Un parfait inconnu), est nîmois ? Marc Chalamet est un journaliste français installé aux USA.
Greg Sivan, plus près des étoiles

Installé à Paris, le Nîmois Grégoire Sivan brille dans le monde du cinéma en tant que réalisateur, monteur et scénariste. Avec une bande de potes, il lance en 2020 la première édition du festival « Une Salle sous les étoiles ». Un rendez-vous qui fêtera sa cinquième édition en juillet au Fort Vauban. « Ce festival est une invitation à rêver et à redécouvrir le cinéma en plein air », confie le réalisateur de 49 ans.
Dès l’adolescence, Greg filme avec ses amis dans les rues de Nîmes avant d’intégrer la prépa cinéma du lycée Saint Stanislas, puis la Fémis (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son) à Paris. Passionné par le montage et l’animation, il enchaîne les projets : assistant-monteur sur la saga Transporteur, il réalise aussi des courts-métrages en stop-motion qui lui ont valu deux nominations aux Césars en 2005 et 2008.
Son talent lui ouvre alors les portes du cinéma français. Monteur sur Captif et Comme des frères, il concrétise un rêve en collaborant avec Alain Chabat sur Santa et Cie. Depuis, il signe le montage de productions majeures comme Lupin ou Zaï Zaï Zaï Zaï. Dernièrement il a travaillé sur des séries biographiques Tapis, sur Bernard Tapis avec Laurent Lafitte proposé par Netflix, ou Becoming Karl lagerfeld avec Daniel Brühl dans la peau du styliste et diffusé sur Disney +. En ce moment, le Nîmois travaille sur le film « Gourou » de Yann Gozlan avec Pierre Niney.