Pierre Gennaï, le jeune chanteur lyrique nîmois a trouvé sa voix

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Publié le 11 février 2024Article

Par Mathieu Lagouanère


Venu au chant sur le tard, il est devenu lauréat de la Fondation pour la vocation en décembre dernier. Portrait.

Son parcours, c’est une suite de dates clés, de moments de bascule. Le premier ? Il se joue en marge d’un tournoi de football : avec son équipe de poussins de Nîmes olympique, le petit Pierre Gennaï, six ans, remporte coupe et… dictionnaire. « Dans une planche illustrée sur les instruments de musique, il y avait une image de contrebasse, raconte-t-il. J’ai demandé à mes parents ce que c’était. Et je leur ai annoncé : C’est ça que je veux faire ! »

Inscrit au Conservatoire de Nîmes, il y suit durant des années les cours de Catherine Guillenot. Au lycée, il commence le piano, seul, avant de réintégrer ensuite l’établissement avec ce nouvel instrument. C’est alors qu’il donne lecture d’un texte, à l’occasion des 150 ans de la mort de Berlioz, à Carré d’art, que la professeure de chant Laurène Huet l’entend parler. Elle détecte « une voix intéressante » et elle lui propose de venir faire un essai.

« J’ai été ébahi, ébloui, bouche bée »

Surprise et hasard du calendrier : quelques jours plus tard, le 23 décembre 2019, son père l’invite à assister à son premier opéra, à Avignon. C’est la Flûte enchantée de Mozart. « J’ai été ébahi, ébloui, bouche bée, se souvient-il. Il ne me tardait plus qu’une chose : démarrer les cours de chant à la rentrée de janvier… »

Dès la première leçon, c’est une révélation : Pierre « tombe amoureux » de la discipline. Il a trouvé sa voix. « Avec le chant, on est soi-même l’instrument. Le chant, c’est très organique, très intérieur. On se met un peu à nu. »

Voilà deux ans, encouragé par sa prof nîmoise, il passe le concours d’entrée du prestigieux Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD) de Lyon, l’équivalent pour ses deux disciplines de la Comédie française pour le jeu d’acteur. Avec succès. Depuis, il y étudie dans la classe de Mireille Delunsch, aux côtés de camarades qui, eux, chantent dans des chœurs ou autres maîtrises depuis leur plus jeune âge.

« Un précieux soutien et un soulagement »

En décembre dernier, Pierre Gennaï, 21 ans, devient lauréat de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la Vocation, qui décerne chaque année des prix (10 000 €, en l’occurrence) à des jeunes afin de les aider à réaliser un projet décisif dans leur parcours. Dans le passé, l’écrivaine Amélie Nothomb, le scientifique Yves Coppens ou encore le funambule Philippe Petit ont ainsi été épaulé.

« C’est un précieux soutien et un grand soulagement, apprécie le jeune chanteur nîmois, qui jusque-là courrait les jobs alimentaires pour joindre les deux bouts, ayant même dû souscrire deux prêts pour ses études. Cela va me permettre de participer à des auditions, des stages, des masterclass ou des concours, qui se déroulent parfois à l’étranger. »

Cet été, Pierre Gennaï jouera le rôle de Bartholo dans un Barbier de Séville donné à Oppède-le-Vieux, dans le Luberon. Avant cela, début août, il se produira aussi au Festival de Lussan, en Suisse. « Mon rêve ultime, si ma carrière le permet un jour, ce serait de monter un festival lyrique à Nîmes. Revoir Carmen dans les arènes, ce serait formidable… »