Les nouvelles œuvres street-art de l’Expo de Ouf ! à Nîmes

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Publié le 21 septembre 2024Article

Par Yann Benoit


Zoom sur les fresques et œuvres street-art qui ont fleuri dans les quartiers Gambetta et Richelieu, à l’occasion de la 12e édition de l’Expo de Ouf !

Vivre Nîmes a fait la visite aux côtés de Laurent Kilani, directeur artistique de l’Expo de Ouf !, festival dédié au street-art et aux cultures alternatives. L’événement s’est ouvert début septembre et se tient jusqu’au 20 décembre. Pour cette occasion, une dizaine de nouvelles œuvres sont venues compléter les 180 fresques déjà réalisées en l’espace de 12 ans.

« Le ouf » de Brokovich – Patio du Spot

Un drôle de bonhomme a pris ses quartiers dans le patio du Spot. Cette œuvre de Brokovich, représentant un totem, a été réalisée exclusivement avec des matériaux de récupération. L’idée de l’artiste était de créer une sorte de mascotte pour le Spot, une personnification de ses moments et souvenirs passés à Nîmes. « Brokovich est venu plusieurs fois à l’occasion de l’Expo de Ouf !, il apprécie les conditions d’accueil et il voulait nous rendre cette générosité. Il a fait quelque chose de nouveau et d’inédit pour nous. Il aime se saisir de ce qu’il a autour de lui. » Brokovich a eu seulement deux jours pour réaliser cette œuvre.


L’Insekt et Adek – Rue Baudin

Ces deux œuvres, côte à côte, sont le fruit d’une collaboration entre les deux artistes, habitués à l’événement. Les précédentes avaient été recouvertes par des grapheurs. C’est une fresque « surprise » qui a été réalisée en une journée de travail.


« The Stairs » de Cécile Auregan – Rue de Bourgogne

Cette fresque en « reverse graffiti », réalisée au jet à haute pression, est une tapisserie à ciel ouvert, gravée dans la pierre et dans la mousse. L’artiste nantaise avait déjà créé ce type d’œuvre lors de son passage aux Beaux-arts et elle a voulu « symboliser tout ce qui rappelle la douceur, l’espoir, l’avenir » pour coller à la thématique de la 12e édition de l’Expo de Ouf ! : Prendre la température. « Le but est d’amener l’art où on ne l’attend pas, expérimenter et faire du beau avec du sale. ».


« Il nous reste les souvenirs » de Rémi Tournier – Centre social Emile-Jourdan, angle des rues Clérisseau et Rangueil

« C’est la fresque emblématique de cette Expo de Ouf ! ». L’œuvre hyperréaliste de Rémi Tournier s’inscrit dans un projet qui se déploie dans le monde entier : « Les Murs d’Audubon ». Porté par la Coalition pour une écologie culturelle (Coal) et soutenu par la Ligue pour la protection des oiseaux, il est né à Harlem et a pour vocation de sensibiliser le public à la disparition des oiseaux causée par le dérèglement climatique. Ici, c’est la pie de Grièche qui est représentée sur un vase, un oiseau qui n’est plus visible dans le Gard depuis 2019.

« L’artiste a plutôt l’habitude de travailler sur les natures mortes, il s’est donc inspiré de la vaisselle ornée de compositions de chasse de sa grand-mère pour raccrocher cette thématique à son identité artistique. » Pour l’anecdote, la bestiole peut paraitre mignonne au premier coup d’œil mais elle est surnommée « écorcheur » car elle utilise les épines des buissons qu’elle occupe pour empaler les proies non consommées et se faire ainsi des réserves. La fresque monumentale est accompagnée du message « il nous reste les souvenirs ». « Le monde de l’art a son rôle à jouer dans la prise de conscience écologique, les artistes sont des visionnaires et ils se doivent de préparer le public au monde de demain ». C’est le thème de la conférence qui se tient ce samedi 21 septembre à 15h au Spot, en présence de David Irle, consultant spécialisé dans les projets de coopération et les enjeux de transition dans le secteur culturel.

Vernissage de la fresque de Rémi Tournier ce samedi 21 septembre à 14h, à l’occasion des Journées du patrimoine.


« Empatte » de Reano Feros – Boulangerie Rangueil, rue Rangueil

La fresque de Reano Feros était une calligraphie, elle a vu le jour lors d’une précédente édition d l’Expo de Ouf !. Exposée plein sud et le soleil ayant fait son travail, il était temps de la restaurer voire de la remplacer. L’Avignonnais a donc sorti les pinceaux et réalisé deux mains réalistes qui se retiennent l’une et l’autre. « Au premier regard, on peut penser que c’est une poignée de main mais on se rend vite compte que cette position n’est pas si naturelle. » Au-delà de la beauté et de la technicité de l’œuvre, c’est le message qui est important, encore une fois : il est essentiel de s’aider et de se soutenir. Tout un symbole lorsque l’on sait que la solidarité est le maitre mot dans le quartier.


« In(di)visible » de Nemo – angle des rues Baudin et d’Orléans

Deux œuvres ont pour but de changer les comportements sur le dépôt sauvage d’ordures. Pour la première, c’est Nemo qui s’est chargé de mettre en couleur cet angle de rue, assez singulier, en utilisant la technique du tag-roller, un outil co-construit par l’artiste. « On constate que depuis que l’œuvre a fait son apparition il y a moins de déchets. Il y a un vrai respect pour l’œuvre et l’artiste. » Madame Cluchier, résidente de l’immeuble depuis 20 ans est ravie : « Cela a réveillé quelque chose chez les gens et en plus c’est joli, cela valorise le bâtiment » Comme quoi « l’art peut servir de levier et changer les normes. »


« Box, don’t fight » de Cécile Auregan – angle des rues Catinat et Papin

Sur la même thématique, la deuxième œuvre de Cécile Auregan se trouve à un endroit qui est sujet au dépôt sauvage d’ordures. Elle a pris pour modèle des habitants du quartier dont Annie Colbert, propriétaire de la maison. Annie qui a aussi choisi Cécile Auregan pour habiller son mur. A travers cette peinture colorée l’artiste s’intéresse aux rapports humains et à l’urgence climatique. « Si on fait une lecture de gauche à droite de la fresque, on commence par un tableau. Il représente des boutures de plantes. On commence plus jeune par s’occuper d’une plante avant de prendre soin d’un être vivant, c’est une expérience intéressante pour se rendre compte de la fragilité des choses et de l’importance de nos actions au quotidien. Ensuite des personnages s’observent aux jumelles, ils cherchent à savoir comment aborder l’autre, comment l’apprivoiser, comment vivre ensemble sans se heurter. Ensuite, comme la suite d’une histoire, c’est un appel à la douceur. Un câlin, symbole universel de la bienveillance, de la compréhension, de la douceur. Plus tard, on retrouve un banquet, une table estivale qui vient juste de se vider pour laisser place à la piste de danse qu’on aperçoit juste après. Enfin, dernier tableau pour finir la fresque, une scène de boxe. Autour du cadre des messages d’amour et une phrase, la devise de la boxe anglaise : « Box, don’t fight ». ».


Mademoiselle M – parcours de 7 vitrines

Ces dessins éphémères au Posca habillent les vitrines de commerces dans le quartier Richelieu. « Pour cette nouvelle édition, on voulait varier les formes de street-art et on a découvert le travail de Mademoisselle M par hasard. ». La jeune illustratrice nîmoise a représenté des femmes puissantes de la mythologie, toujours en rapport avec le commerce concerné comme Epione, déesse de la santé sur une pharmacie ou Hestia, déesse du foyer sur une agence immobilière. « C’est important de donner du sens, d’avoir une histoire à raconter. »


« Sur les plateaux des Cévennes » de Zeklo – Place Michel de l’Ane

Ce mur qui appartient à l’architecte Yann Roubeau, bien connu dans le coin. Membre actif du comité de quartier, il avait été l’un des premiers habitants à solliciter l’équipe de l’Expo de Ouf ! pour une fresque. A l’époque, ce sont les artistes nîmois Sipo Chaos et Grumo qui s’en était chargés. Dix ans plus tard, l’Avignonnais Zeklo qui prend le relais avec une œuvre au rouleau et un principe d’aplat de couleurs. « Elle représente une scène estivale paisible, où une femme, de dos, contemple un paysage de petites montagnes. Une œuvre à la une composition simpliste presque abstraite, qui joue sur des tons pastel. Le choix des couleurs et l’utilisation de l’acrylique, combinée à quelques touches légères de spray, visent à transmettre une sensation en écho avec la tranquillité des Cévennes. » Une vraie respiration visuelle, dans le rythme de la ville.