En vidéo : le square Antonin de Nîmes vu du ciel

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Publié le 23 février 2025 Vidéo

Par Mathieu Lagouanère


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Le square Antonin-le-Pieux, avec la statue de l'empereur en son centre.

Nouvel épisode de notre série de vidéos “Nîmes vue du ciel” consacré au square Antonin, situé au bout des quais de la Fontaine. En son centre : une statue qui dit beaucoup de l'histoire et de l'esprit de la ville…

1862. Le conseil municipal de Nîmes décide de rendre hommage à l'empereur romain Antonin le Pieux avec la réalisation d'un nouveau square, à l'emplacement de l'ancien bassin terminal du canal de la Fontaine. Ce dernier avait été créé un siècle plus tôt par l'architecte Mareschal, en même temps que les Jardins de la Fontaine (notre vidéo vue du ciel dédiée) tels qu'ils sont connus aujourd'hui.

Le bassin en question, de forme circulaire, n'était alors en été qu'une mare infecte. “Même aux grandes eaux, la vue de ce bassin, transformé en lavoir, jurait quelque peu avec nos boulevards et les embellissements qu'on multipliait sur ces voies", relate Adolphe Pieyre, dans Histoire de la Ville de Nîmes (tome II, 1886). Le projet adopté prévoit alors de couvrir le bassin et de percer la voûte de soupiraux permettant à la lumière d'arriver à l'intérieur. Il fallait descendre sous la voûte à l'aide d'un escalier pour avoir accès à un lavoir.

Nîmes, la Cité des Antonin

L'élément principal du square est la statue monumentale de l'empereur Antonin, en marbre blanc de carrare, sculptée par le Nîmois Auguste Bosc et inaugurée, elle, en 1874. “Le choix de l'empereur Antonin est lui aussi symbole, écrit Christian Liger dans l'indispensable Nîmes sans visa, portrait d'une ville (2001). Antonin le Pieux est le petit-fils d'un sénateur illustre, Titus Aurelius Fulvus, originaire de Nîmes. Et aussitôt, Nîmes devient la Cité des Antonin.”

- A lire aussi : pourquoi cette curieuse statue de chat en aplomb du square Antonin ? Notre article sur les insolites du patrimoine.

Pour justifier le choix de cette figure, le Conseil municipal explique : « Que la statue d'Antonin sera érigée dans un quartier qui rappelle le plus les souvenirs de l'antiquité romaine ; qu'elle figurera aux abords d'une rue qui porte le nom de cet empereur, originaire de Nîmes, et qui manifesta le premier des sentiments de pitié pour les Chrétiens persécutés ! » Antonin, c'est en effet l'empereur qui mit fin aux persécutions des chrétiens, celui aussi qui améliora la condition des esclaves et établit dans son empire une sorte d'humanisme actif.

"Et pourtant, mis à part les bornes routières qui prouvent son souci d'entretenir les routes romaines et en particulier la voie domitienne, aucune inscription, aucune stèle ne prouve la présence, ou un intérêt particulier d'Antonin pour la cité de ses pères", indique Irénée Ginoux dans ses Mémoires de l’Académie (1874). Rien ne prouve non plus, comme certains le prétendent, que les arènes aient été bâties sur son désir ou même sous son règne. Si quelques historiens prétendent attribuer ces travaux à Adrien, tout au moins il n'est pas nié qu'ils aient été achevés, comme ceux du Pont du Gard, par Antonin.

Une statue parfois moquée

Christian Liger, encore : “On ne la prend pas trop au sérieux, cette statue. Lorsque le sculpteur Auguste Bosc la taille dans un bloc de marbre de Carrare, le salut romain est aussitôt interprété à la nîmoise : ” Espincho se plou"... Il regarde s'il pleut." L'esprit nîmois incarné.

Sur son piédestal se trouvent deux inscriptions latines. Côté est, il y est écrit : « le sénat et le peuple nîmois ». Côté ouest, on peut lire la dédicace suivante, reprenant partiellement la titulature de l'empereur : Imperator Caesar Titus Aelius Hadrianus Antoninus Augustus Pius, Pontifex Maximus, Nemausus Oriundo. Un peu ronflant, comme blase, mais ça en jette.

Sous cette dédicace, enfin, sont gravés quatre vers célèbre du poète nîmois Jean Reboul, qui disent tant de la ville :
"Le Nîmois est à demi Romain :
Sa ville fut aussi la ville aux sept collines ;
Un beau soleil y luit sur de grandes ruines,
Et l'un de ses enfants se nommait Antonin."