Le rappeur Kreo TPA : "On m’a conseillé de parler moins de Nîmes…"
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Le tonton du rap nîmois Kreo TPA sort son 4e album, 26, place Archimède, ce vendredi 8 novembre. Il sera en concert le 30 novembre à Paloma.
Place Archimède à Valdegour. C’est là qu’il a grandi, là où ses parents ont vécu durant 43 ans, d’abord dans un studio au numéro 8, puis dans un deux pièces, à sa naissance, au 24, et enfin, au numéro 26, dans un appartement avec trois chambres après l’arrivée de son petit frère.
26, place Archimède, c’est justement le nom du quatrième album de Kreo TPA qui sort ce vendredi 8 novembre, physiquement et sur toutes les plateformes d’écoute. La pochette ? Une photo prise par lui-même depuis la fenêtre de sa chambre d’ado, avec une vue plongeante sur ladite place.
« Valdegour, c’était notre monde, raconte celui qui, micro posé, s’appelle Stéphane Ortega. Quand j’étais petit, on ne quittait pas le quartier pendant des jours. Quand on descendait en ville, c’était une sortie, une petite aventure presque. »
Du graffiti au rap
Sur les murs du chemin vers le collège Jules-Verne, parcouru à pied chaque jour, le gamin a commencé à laisser les traces de son passage. Ses premiers tags, au feutre. Puis sont venues les bombes de peinture. « Je suis entré dans l’univers du hip-hop par le graffiti, se souvient Kreo. J’achetais le magazine Radikal pour les images de graff. Je le dévorais de A à Z : à l’intérieur, il y avait aussi des articles sur le rap : avant même la radio, c’est comme ça que j’ai commencé à m’y intéresser. »
Voilà maintenant 25 années, et quatre albums donc, qu’il rappe. Avec les collectifs TPA, puis Légende urbaine au début des années 2000, et en solo. Pour la seule passion du hip-hop. « Je suis artiste indépendant et je ne suis même pas inscrit à la Sacem, précise-t-il, ça ne me rapporte rien. Si ma motivation était l’argent, il y a longtemps que j’aurais arrêté… »
« Je nettoie les rues que j’ai taguées plus jeune »
A la ville, Stéphane Ortega travaille depuis 20 ans à la propreté des rues de Nîmes. « Je revendique le fait de nettoyer aujourd’hui les rues que j’ai taguées plus jeune », sourit-il. Celle d’une cité qu’il n’a jamais quittée, qu’il a souvent chantée (et c’est encore le cas dans ce dernier album), et à laquelle il est viscéralement attaché. « On me l’a même reproché. On m’a dit : « Si tu veux t’exporter, il faut que tu parles moins de Nîmes dans tes morceaux, ça ne touche pas assez de gens »… Mais pas question. Je raconte ce que je vis et où je vis. Nîmes fait partie de moi. »
De la même façon, Kreo TPA n’a jamais abandonné le rap des origines, celui du boom bap, des samples, des grosses basses et des textes qui claquent, sous une voix épargnée par les artifices électroniques. « Suivre la mode, la tendance, ça ne m’intéresse pas, lance-t-il. Je préfère embarquer 10 personnes qui me suivent pour ce que je fais que changer ce que je suis pour toucher plus de monde. »
Un concert festif à Paloma
26, place Archimède est à l’avenant. Même si, l’âge aidant (43 ans en décembre), le propos et la langue se sont un peu assagis. Dans les 17 titres de ce quatrième album, Kreo TPA parle de Nîmes, encore, et de Valdegour, de rupture amoureuse et de reconstruction, d’espoir et il invite les plus jeunes à se prendre en main. A ses côtés, les fidèles DJ Gunther Spade, Tefa (son backer, sur scène), son manager Gro 30 (le patron du garage du Cadereau, l’un des métacentres historiques de l’univers TPA) et son producteur exécutif Aymar, dont le home studio a enregistré la mise en boîte des sons, au terme d’une année et demie de travail. « Je ne suis pas seul, insiste Stéphane Ortega. Tous sont aussi passionnés que moi et chacun est essentiel. »
Si la sortie du précédent album Vitiligo avait été célébrée lors d’un concert mémorable au Spot, c’est cette fois-ci à Paloma que Kreo TPA, avec le soutien de l’association Da Storm, est invité à fêter son nouvel album lors d’une release party programmée le samedi 30 novembre, avec des invités (chut) et des surprises (chut aussi).
« Il y aura mes potes, bien sûr, dont certains qui viennent maintenant me voir avec leurs enfants qui connaissent aussi mes morceaux, se réjouit le rappeur. Mes parents seront là aussi, tout comme mes collègues de boulot, qui ont réservé leurs places. Réunir des personnes qui n’avaient pas forcément de raison de se rencontrer autour de ma musique, c’est génial. Finalement, c’est pour ces moments que je fais tout ça. »