Ils font le textile à Nîmes aujourd'hui
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Nîmois c’est vous

Certains Nîmois entretiennent la tradition textile de la ville. Notamment en tissant, cousant ou revisitant la toile denim. Portraits.
Les Ateliers de Nîmes ont ramené le denim « à la maison »
Avancer pas à pas. Une maille après l’autre. C’est la méthode du fondateur des Ateliers de Nîmes (ADN) Guillaume Sagot qui, en 2014, quitte une carrière parisienne dans le numérique pour rentrer au pays natal et créer avec deux amis, en fonds propres, leur marque de jean. Et, surtout, réussir un pari fou érigé en slogan : « Ramener le denim à la maison », en fabriquant leur propre toile, ce qui est unique, et en retissant ainsi les fils d’une histoire délaissée. Mission accomplie : dix ans plus tard, en 2024, les deux métiers installés quartier Montaury ont produit près de 7km de denim, soit l’équivalent de 4 500 pantalons. L’entreprise poursuit sa croissance régulière avec un chiffre d’affaires espéré à 500 000 € en 2025 (350 00 € en 2024) et de nouvelles perspectives à l’export, Japon ou Benelux. « Mais je n’imaginais pas que ce serait aussi difficile de faire renaître une production textile dans notre région, où le patrimoine industriel a presque totalement disparu, reconnaît Guillaume Sagot. Ça a pris du temps, on a fait des erreurs, mais aujourd’hui on a construit quelque chose de solide. »
Bonne nouvelle : les Ateliers de Nîmes viennent d’être sélectionnés pour le programme national France 2030 et bénéficient ainsi d’un soutien qui leur permet d’embaucher deux nouvelles personnes (pour un total de cinq salariés, désormais). Une seconde boutique, après celle installée dans l’Écusson nîmois, pourrait aussi bientôt voir le jour à Paris.

Le Vestiaire de Jeanne, 18 ans d’élégance locale
Depuis 2007, Charlotte Le Stum-Meyer façonne une mode intemporelle, raffinée et écoresponsable au coeur de Nîmes. Dans sa boutique-atelier de la rue Auguste, Le Vestiaire de Jeanne, la créatrice nîmoise célèbre cette année les 18 ans de sa marque avec une exigence inchangée : proposer des pièces confectionnées sur place, dans l’atelier attenant, par des couturières expertes, en mettant à l’honneur des tissus nobles. « Pour la collection printemps-été, nous privilégions le lin, la toile de coton ou le drap de laine. Des matières issues de surplus de maisons de couture de luxe ou d’invendus, favorisant ainsi le circuit court et limitant la surproduction », explique-t-elle.
Amoureuse de sa ville, Charlotte puise aussi dans son histoire textile. En 2022, elle lance Juxta, une collection 100 % locale en denim, en collaboration avec Les Ateliers de Nîmes. Cette ligne écoresponsable revisite les essentiels du Vestiaire de Jeanne avec une toile locale, durable et élégante.

Lucyan, des denims de collection
L’entrepreneur et designer Jean-Philippe Fournier est un Nîmois pure souche qui a fait ses armes à l’École de mode et de stylisme de Toulouse (Esimode). Le 12 octobre dernier, il lance sa marque de vêtements de luxe Lucyan, qui fusionne art, artisanat et innovation technologique. Chaque pièce est une oeuvre d’art textile, alliant histoire et design avant-gardise. Elle est accompagnée d’un tableau unique et d’un poème. La fabrication est 100% française et toutes les créations sont de véritables objets de collection, en édition limitée, numérotés et certifiés sur une base de données numérique (grâce à une puce électronique intégrée dans le vêtement). « Je voulais faire quelque chose de différent, explique le créateur. Le denim a traversé le temps et il ne se démode pas. »
Avec cinq modèles emblématique, Lucyan revisite l’héritage du jean inspiré par les lieux qui ont marqué son évolution : de Champaran en Inde, ville d’origine du blue jean, à Nîmes et sa culture hispanique, en passant par San Fransisco et son mythique Levi’s jusqu’à Kojima au Japon, berceau actuel du denim. Jean-Philippe Fournier est actuellement à la recherche de partenaires et d’investisseurs, il souhaite développer son projet au Japon, aux USA et en Angleterre. .

Des indiennes à Nîmes
Une indienne, c’est un tissu peint ou imprimé utilisé dans la fabrication de foulards, de jupons, de tabliers, de chemises, ainsi que dans les tissus d’ameublement. Venus d’Inde et d’Orient, ces textiles arrivent en Occident par Marseille au XVIIe siècle. Les dessins sont obtenus à la planche, au rouleau, au tampon en bois ou peints à la main ; jusqu’au XIXe siècle, les Européens sont éblouis par ces tissus. Les artisans provençaux adaptent les motifs et les techniques orientales à leurs propres créations, créant ainsi un style distinctif et unique. Nîmes devient un centre influent dans la manufacture des indiennes de Provence. Les marques Souleiado ou les Indiennes de Nîmes, qui ont toutes deux pignon sur rue en centre-ville, perpétuent cette tradition ancestrale.