Expos Textiles à Nîmes : Le tissu, une trame historique
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Culture
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Exposition

HISTOIRE. Dans le cadre de l'expo évènement Textiles, à voir jusqu'au 16 novembre, découvrez le passé du secteur textile nîmois, puissant et multiforme dont les premières traces remontent au Moyen Age.
Dès le Moyen Age, Nîmes connaît une activité textile importante grâce au travail de la laine et du cuir, ainsi qu’au commerce des draps. Les ateliers familiaux se développent et la production nîmoise se dynamise grâce à l’exportation. La ville produit aussi des serges, de solides étoffes tissées en oblique, dont la fabrication est florissante jusque dans les années 1650.
« Mais ce secteur de la laine connaît une crise importante à la fin du XVIIe siècle, explique Lisa Laborie-Barrière, Conservatrice en chef du musée du Vieux Nîmes. Les marchands fabricants nîmois vont se reconvertir dans la soie, dont la culture se développe en Cévennes. »
Un travail de la soie qui connait un développement exceptionnel, grâce notamment à l’autorisation d’implanter la culture du mûrier et l’élevage des vers à soie en Bas-Languedoc. Les étoffes sont simples mais faites avec goût et dans un réel souci d’économie, la soie est teinte directement dans le quartier de l’Agau où se concentre déjà l’activité textile de la ville. « La particularité de Nîmes est de produire et de commercialiser des étoffes de moyenne gamme, ce qui fait son succès et lui permet de toucher une large clientèle à travers le monde », poursuit-elle.

Autour de Daniel-Jean Valade, Adjoint à la Culture : Barbara Gouget, Lisa Laborie-Barrière et Adeline Rouilly. Les conservatrices des musées des Beaux-arts, du Vieux-Nîmes et des Cultures taurines et du muséum d'Histoire naturelle ont travaillé en commun sur le thème Textiles.
Nîmes, une ville-atelier
Le fonctionnement simultané de six branches différenciées (soie, étoffe de soie, mouchoir de soie, étoffe de laine fine, bas, teinture) permet à Nîmes d’être au XVIIIe siècle une véritable ville-atelier. En 1776, 4 500 métiers à tisser sont en action et 16 800 personnes sont par exemple employées dans le secteur de la bonneterie afin de produire plus de 100 000 paire de bas, en laine, en coton et en soie. Les fabricants et marchands nîmois, pour la plupart issus de la diaspora huguenote, créent un véritable réseau commercial international en relation avec les Indes, le Levant, l’Amérique du Nord et les colonies espagnoles, par le biais de comptoirs commerciaux à Cadix et à Gênes.
Au début du XIXe siècle, Nîmes devient la troisième ville de France où l’on tisse des châles cachemire, très en vogue à l’époque et exportés un peu partout. Les châles de Nîmes remportent de nombreux prix lors des Expositions nationales et universelles entre 1827 et 1867 avec une production considérable de 350 000 exemplaires en 1846.
Une école de dessin et une de fabrication voient même le jour pour « l’étude des Beaux-Arts et la prospérité des manufactures » avec des places de préférence accordées aux enfants de négociants ou de fabricants.
Mais alors, d’où vient le denim ?
L’origine de l’appellation denim est incertaine, mais il est probable qu’elle fasse référence à la serge de Nîmes, fameuse au Royaume-Uni depuis le XVIIe siècle. La légende raconte qu’au XIXe siècle, Levi Strauss aurait acheté par hasard un lot de tissus provenant de Nîmes pour confectionner des vêtements pour les mineurs, les chercheurs d’or ou les employés de chemin de fer. S’il est attesté que des produits nîmois transitaient vers l’Amérique du Nord par le port de Gênes, l’incendie des archives Levi Strauss en 1906 a fait disparaître toute trace permettant de confirmer cette histoire. Initialement vêtement de travail solide et bon marché, le blue jean va rapidement être adopté par un grand nombre d’Américains dès le XXe siècle, avant d’être diffusé en Europe à travers le cinéma.
Cacharel, Eminence et Aréna
A partir des années 1870, la production châlière est supplantée par la fabrication de tapis, moquettes et tissus d’ameublement inspirés de produits de luxe. Puis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la ville se spécialise dans la confection masculine : pantalon (Aréna), costume (Laudauer, Deloustal et Colomb…), sous-vêtements (Eminence…) avant que Cacharel implante ses ateliers de confection féminine à Nîmes en 1965.
Aujourd’hui, le patrimoine textile de la ville de Nîmes est mis en lumière au musée du Vieux Nîmes, installé dans l’ancien palais épiscopal et fondé en 1920.
Visites historiques et balade sonore
A partir du 5 juillet, l’Office de tourisme et la Ville proposent une balade sonore urbaine autour des lieux évocateurs de l'industrie manufacturière textile nîmoise. Sous forme d'une enquête policière, « Nîmes en filature » immergera le visiteur dans ce petit cinéma pour les oreilles à la découverte des rues de Nîmes à travers les époques !
En parallèle, l’Office de tourisme propose également des visites guidées « le denim, un tissu de légende » : la première se tiendra le 17 mai à 14h30.
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