La Ville de Nîmes rend hommage aux résistants Jaquerod et Chauvet

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Publié le 24 février 2025 Article

Par Julien Ségura


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Cérémonie en hommage à Jean Chauvet et Aimé Jaquerod, Martyrs de la Résistance, ce lundi 24 février au cimetière Saint-Baudile.

Le 23 février 1944, il y a 81 ans presque jour pour jour, Jean Chauvet était fusillé par le régime de Vichy. La même année, le 12 juin, Aimé Jaquerod est tué au combat au maquis de Tauligan à l'âge de 20 ans. Les deux résistants nîmois reposent au cimetière Saint-Baudile. 

Avec l'Association des amis de la fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD), la Ville de Nîmes leur a rendu hommage ce lundi 24 février. 

“C'est un devoir d'honorer la mémoire de ces deux hommes qui ont donné leur vie pour la France et la liberté." Ce lundi 24 février au cimetière Saint-Baudile, Monique Boissière, Conseillère déléguée aux Armées et au Monde Combattant, accompagné par Jean-Paul Boré président de l'Association des amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, dépose une gerbe commémorative sur sur la tombe de deux résistants nîmois : Jean Chauvet et Aimé Jaquerod. "Il est important également de transmettre aux jeunes générations leur histoire. C'est pour cela que ces cérémonies sont précieuses”, continue l'élue à la Ville de Nîmes. 

Aimé Jaquerod “Mort pour la France” au maquis de Tauligan 

Né à Nîmes le 23 août 1923, étudiant à la faculté de théologie de Montpellier après avoir quitté le travail en usine, Aimé Jaquerod se destinait à devenir pasteur. Il était aussi chef de troupe des Éclaireurs unionistes Nîmes-V et cadre de l’Union chrétienne des jeunes gens (UCJG). Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il avait rejoint les rangs de la 8e compagnie du 4e Bataillon de l’Armée secrète de Drôme-Sud dans le secteur de l’enclave de Valréas (Vaucluse). Il participa à la mobilisation de la Résistance après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie.

La réaction allemande se déploya le 12 juin. Aimé Jaquerod faisait partie d’un groupe appelé en renfort à Taulignan. La voiture dans laquelle il se trouvait avec cinq autres résistants fut prise sous le feu d’une mitrailleuse placée à l’entrée du village et servie par des jeunes du RAD (Reichsarbeitsdienst ou Service du travail du Reich, précédant le service militaire). Elle s’écrasa contre une maison et ses occupants furent criblés de balles. Avec lui périrent Pierre Darlix qui était venu chercher les renforts, Martial Deyres, Henri Paschké, autre cadre unioniste, François Rein et René Soubeyran. 

Aimé Jaquerod obtint la mention “Mort pour la France” et fut inhumé au cimetière Saint-Baudile de Nîmes. Son nom a été donné à une rue de la ville (la rue Aimé-Jacquerod qui elle s'écrit avec un “c”). Il figure sur la stèle aux « victimes de la barbarie nazie » apposée à l’angle de la rue du 18 Juin 1940 à Taulignan, sur le monument aux morts départemental à Nîmes et sur le monument commémoratif départemental à Mirmande-Saulce-sur-Rhône (Drôme).

Jean Chauvet “Mort pour la France” fusillé par la police de Vichy

Né à Nîmes le 11 septembre 1921, Jean Chauvet était ouvrier ajusteur au dépôt des machines à vapeur de Nîmes. Il participa, dès l’adolescence, aux activités militantes de son père, qui vendait le journal communiste Le Cri du Gard, et cacha des Républicains espagnols. 

En 1939, il se fiança à Eliette Rigon, ouvrière en confection et militante des Jeunesses communistes. Son père, cheminot affecté aux ateliers du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée), fut arrêté le 5 décembre 1940 et interné administrativement successivement à Eysses, Carrères puis Sisteron (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) d’où il parvint à s’échapper le 8 juin 1944 pour rejoindre les rangs de la Résistance. Jean ne supportait pas de voir son père, ancien combattant de la Grande Guerre, jugé “indésirable” par l’Etat français.

Eliette Rigon, la fiancée de Jean, participa à l’activité clandestine du PCF après sa dissolution et l’arrestation de ses principaux responsables gardois fin 1940. Avec son frère Franck, lui aussi membre des Jeunesses communistes clandestines, elle distribua tracts et journaux pour dénoncer le régime de Vichy. En 1941, elle fut chargée de diffuser la presse clandestine sur la région nîmoise et d’aider les militants pourchassés par le régime. Son groupe comprenait notamment Jean Chauvet, Henri et Andrée Julien, Odette Gonzalès (arrêtée en avril 1942, Eliette fut condamnée à huit ans de travaux forcés par le tribunal militaire de Marseille, incarcérée aux Baumettes à Marseille, puis à la Centrale de Rennes, d’où elle fut déportée le 6 juin 1944 à Ravensbrück, via le fort de Romainville. Elle sera rapatriée en France en mai 1945).

Le 10 mars 1941, Jean Chauvet fut, lui, surpris la nuit par des gardiens de la paix alors qu’il circulait sur son vélo sans éclairage et portait une musette remplie de tracts. Il parvint à leur échapper. Mais son adresse fut découverte grâce à la plaque d’identité de la bicyclette. Des perquisitions effectuées à son domicile amenèrent la découverte de nombreux tracts et journaux. Sa mère fut arrêtée. Il quitta alors Nîmes pour se réfugier en Lozère chez des paysans qu’il connaissait. Ces derniers le dénoncèrent à la police. Il fut arrêté le 16 juillet 1941, il est conduit à la prison de Pont-de-Montvert, puis de Nîmes. Il fut ensuite transféré au fort Saint-Nicolas à Marseille. Il fut jugé par le tribunal militaire spécial de la 15e région le 4 octobre 1941, et condamné à cinq ans de prison. Il est ensuite transféré à Nîmes. 

Le 16 octobre 1943, il est transféré avec la quasi-totalité des détenus politiques de la zone Sud à la centrale d'Eysse. Au cours de l’insurrection du 19 février 1944, il était en première ligne mais sa mitraillette s’enraya. Reconnu comme ayant pris part activement aux combats, Chauvet fut jugé par une cour martiale du régime de Vichy réunie à Eysses, condamné à mort et fusillé le 23 février 1944. En novembre 1944, sa dépouille fut ramenée à Nîmes pour y être inhumée au cimetière Saint-Baudile.