Dans ma rue : à la découverte de l'Eau Bouillie à Nîmes
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Dans ma rue

Série de podcast de la Ville de Nîmes, dans ma rue : l'Eau Bouillie - Crédit podcast : Direction de la Communication - Ville de Nîmes
Le petit chemin de l'Eau Bouillie, au nord de la ville a hébergé un foyer de Résistance de la première heure. Ses habitants d’aujourd’hui entretiennent l’esprit d’un quartier préservé.
Situé dans le prolongement de la route d’Alès à Nîmes, le quartier de l’Eau Bouillie abrite une école primaire, des commerces variés ainsi qu’un comité de quartier dynamique et engagé pour le bien-être des habitants.
A écouter
Série de podcast de la Ville de Nîmes, dans ma rue : L'Eau Bouillie - Crédit : Direction de la Communication - Ville de Nîmes
L’Eau Bouillie fait de la résistance
En août 1938, Julia et René Rascalon achètent un mazet avec olivette chemin de l’Eau Bouillie. La Seconde Guerre mondiale éclate quelques mois plus tard et leur domicile devient rapidement un lieu de réunion pour les Français qui refusent la défaite. Le couple établit un maquis dans son mazet, le long de la route d’Alès : c’est le premier qui voit le jour.
Au début de l’année 1943, au moment où les Allemands arrivent à Nîmes, est instauré le service de travail obligatoire (STO). De nombreux jeunes préfèrent alors rejoindre le maquis ou se cacher, marquant ainsi le début réel de la structuration de la résistance nîmoise. Menacés d’arrestation, Julia et René Rascalon quittent Nîmes en juin 1943 pour se replier sur Saumane puis Air-de-Côte en Lozère. Après une attaque des allemands, le maquis fusionne avec celui de Lassale. La sécurité se renforce et les maquisards bénéficient d’une instruction militaire.
En 1944, le maquis connaît plusieurs attaques. René Racallon et Laurent Olivès décident donc d’unir leurs groupes et créent le maquis Aigoual-Cévennes, chargé de coordonner l’action avec les Alliées. C’est le maquis le plus important du Gard. Les premiers affrontements directs avec l’ennemie ont lieu à Pont d’Hérault puis au Vigan. Avec l’aide d’une formation de gendarmerie ils harcèlent les troupes allemandes à Sommières, Ganges, St Hyppolite-du-Fort et Salinelles. Le 29 août, René Rascalon et tous les maquisards de l’Aigoual-Cévennes se rendent à Nîmes où la nouvelle administration est en place.
Après la guerre, René et Julia Rascalon retrouvent une vie normale. René reprend son activité de plombier et écrit ses mémoires de résistant.
Le commandant René Rascalon (1898-1982)
Une plaque commémorative orne déjà l’ancienne maison du couple Rascalon et une nouvelle, voulue par le Comité de quartier, va être installée au mois d'avril au début du chemin de l’Eau Bouillie.
Pourquoi l'Eau Bouillie ?
Géographiquement, le quartier se situe dans une « cuvette », entre les collines du bois de Mittau, à l’est, du bois des Espeisses, à l’ouest, et du Mas de Balan, au sud. Ce positionnement fait que les eaux des garrigues ont tendance à s’y écouler. Le sol calcaire, avec un fond imperméable, n’absorbe pas les écoulements. L’eau ressort donc du sol, comme de l’eau bouillie. Cette dénomination fait également allusion à l’aiga boulida ou aïgo boulido, une soupe occitane, composée d’eau, d’ail, de laurier, de pain et d’huile d’olive. Évoquant la cuisine domestique, le nom aiga bolida avait été donné à une ferme située à deux kilomètres du site qu’elle désigne aujourd’hui. Chaque année, une fête du même nom est organisée dans le quartier.

La chapelle Sainte-Madeleine-et-Sainte-Rita de l’Eau Bouillie n’a pas pris une ride. Ici, une photo dans les années 1980.
L'école de l'Eau Bouillie
L’inauguration de la première école de l’Eau-Bouillie, construite toute en bois, a eu lieu en 1937. Le quartier continuant à se peupler, l’école devint rapidement trop petite pour accueillir tous les élèves. C’est en 1953 qu’il a été décidé sa reconstruction « en dur » à la suite d’un incendie.

On a rencontré…
Pierre Marion
Ce retraité de 83 ans vit dans le quartier de l’Eau Bouillie depuis 1948. « Je n’ai jamais changé d’adresse, j’y ai passé toute mon enfance. À l’origine, c’était un quartier de mazetiers. Cela a toujours été très vivant. » Mémoire du quartier, Pierre l’a vu se transformer. « À l’origine, la route d’Alès passait par le chemin de l’Eau Bouillie. J’ai aussi connu l’école d’origine en bois, il y avait seulement deux classes. Je trouve que l’Eau Bouillie a su garder son charme de quartier de garrigues. Nous sommes dans une zone urbanistique protégée, qui fait qu’il ne s’est pas tant densifié en constructions. C’est vraiment un petit village à la sortie de la ville. »
Myriam Ferrand
Myriam Ferrand, 77 ans, est la présidente du comité de quartier de la Route d’Alès. « C’est un quartier qui est très agréable à vivre. Les anciens côtoient les nouveaux. On le constate lorsque l’on fait des événements comme la Fête des voisins, les vide-greniers, les soirées théâtre ou les lotos. » Déclaré sous le nom de Comité des intérêts de la route d’Alès, Eau Bouillie et quartiers adjacents le 18 février 1936, ce comité est l’un des plus anciens de la ville, et fut à l’origine de la construction de l’école de l’Eau Bouillie. Aujourd’hui encore, il travaille conjointement avec le comité des parents d’élèves et la Ville. « On tient à préserver ce lien et à faire vivre cette école avec des événements toute l’année. »
Jean-Pierre Grand-Moursel
Jean-Pierre Grand-Moursel, 79 ans et ancien joueur de football, est une figure du quartier depuis 1983 avec son bar-restaurant, véritable lieu de rendez-vous des anciens de l’Eau Bouillie. « Quand je suis arrivé, c’était la campagne. J’ai commencé par acheter le bar de l’Eau Bouillie puis l’hôtel-restaurant. À l’époque, il y avait une station essence. Ce que j’aime ici, c’est la tranquillité. » Le quartier de l’Eau Bouillie compte quelques commerces essentiels en plus de celui de Jean-Pierre. « Il y a la boulangerie, qui tourne bien, une alimentation-générale, le marchand de coquillages le vendredi et depuis récemment un restaurant de sushis. »
Ouvert du lundi au samedi de 9h à 19h
04 66 23 19 10
En vidéo
Série vidéo Dans ma rue avec la présentation du chemin de l'Eau Bouillie - Crédit vidéo : Direction de la Communication - Ville de Nîmes