L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

© Bibliothèque nationale de France. Diffuseur La Documentation française 

Natif d’Aigues-Vives et avocat installé à Nîmes, Gaston Doumergue est élu Président de la République le 13 juin 1924. En octobre, sa première visite présidentielle est pour son département natal avec une escale nîmoise.

Gaston Doumergue est le seul Président de la République venu du Languedoc. Né à Aigues-Vives dans le Gard le 1er août 1863, il devient, à 61 ans, le douzième chef d’État de la Troisième République le 13 juin 1924. Un destin hors norme pour ce modeste fils de vigneron issu d’une famille protestante et décrit comme un enfant « turbulent » à l’école. Il avait même été envoyé en pension au lycée de Nîmes. Pourtant, étudiant, Gaston Doumergue se révèle brillant. À Paris, et à seulement 22 ans, il décroche un doctorat en droit avant de s’inscrire au barreau de Nîmes comme avocat. Il devient ensuite juge en Indochine en 1890.

« Gastounet » et la brandade à l’Elysée

Sa carrière politique commence réellement trois ans plus tard. En 1893, il succède à son ami Émile Jamais (lui aussi natif d’Aigues-Vives qui meurt prématurément à 36 ans) comme député de la 2de circonscription du Gard. Doumergue entre alors à la Chambre des députés dans le groupe des radicaux-socialistes. Réélu à deux reprises au premier tour jusqu’en 1910, il devient ensuite sénateur. En 1902, il intègre le Gouvernement comme Ministre des Colonies. Il connaît ensuite plusieurs ministères : Commerce, Industrie et du travail, Instruction publique et Beaux-arts. À la veille de la Première Guerre mondiale, le Président Raymond Poincaré le nomme en décembre 1913 président du Conseil pour son tempérament fédérateur. Fonction qu’il cumule avec celle de ministre des Affaires étrangères. Pendant la Première Guerre mondiale, de 1914 à 1917, il exerce les responsabilités de Ministre des Colonies.

Attaché à la laïcité et Dreyfusard (il a notamment loué l’héroïsme de Zola), il est rendu sympathique par sa bonhomie et son accent méridional. Dans les couloirs du Palais Bourbon, il est même surnommé « Gastounet ». Il aurait aussi fait entrer la brandade de morue sur les tables de l’Elysée. En février 1923, Gaston Doumergue devient président du Sénat. Les élections de l’année suivante conduisent à la victoire des gauches et à la démission du président Alexandre Millerand. Sans être candidat, Gaston Doumergue est ainsi élu président de la République grâce à l’union des voix des modérés de gauche et celles de la droite.


Article du 12 octobre 1924 du journal Le Petit Provençal sur la venue à Nîmes de Gaston Doumergue. © Archive municipale de Nîmes
Selon Le Petit Provençal, 25 000 personnes sont présentes dans les arènes de Nîmes le dimanche 12 octobre pour accueillir le Président de la République. © nemausensis.com avec les archives municipales de la Ville de Nîmes 

Une visite présidentielle à Nîmes et Aigues-Vives

Sa présidence est marquée par la prospérité de l’Entre-Deux-Guerres et les Années folles, mais aussi par une forte instabilité ministérielle – onze gouvernements. Célibataire lors de sa prise de fonction, il est aussi le premier président à se marier au cours de son mandat (depuis, seul Nicolas Sarkozy a fait de même). C’est dans le Gard, son pays natal, le dimanche 12 et lundi 13 octobre, qu’il effectue sa première visite présidentielle. « M. Gaston Doumergue a voulu que sa première visite officielle fût pour le département du Gard, berceau de sa fortune politique (…) Doumergue jouit, en effet, à Nîmes et dans le Gard, d’une grande popularité. C’est que cet homme du peuple, fils de vigneron, est resté simple », écrit le journal Le Petit Provençal du 12 octobre 1924.

Pour recevoir le chef d’État, la ville est en ébullition. Fanions et cocardes aux couleurs du drapeau français sont dressés sur les boulevards du centre-ville. Des bals sont donnés notamment place de la Révolution, place Montcalm ou rue de la Biche. « Quelle foule ! Nîmes apparaît comme un immense cirque où des garrigues et des Cévennes, du Mont Lozère et de l’Aigoual, des plaines du Rhône et de la Camargue, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants se sont donné rendez-vous », écrit Pierre Larzac du Petit Provençal.

Spectacle aux arènes 

Le Président arrive en gare de Nîmes par train spécial le dimanche 12 octobre à 9h30, il est notamment accueilli par le Maire d’alors, Josias Paut. Une parade est alors prévue sur les boulevards. Après un banquet, un spectacle est organisé dans les arènes. Une foule de 25 000 personnes l’attend sur les gradins, il reçoit alors le salut de la Nacioun Gardiano. La « Coupo Santo » et « À la font de Nîmes » résonnent dans l’amphithéâtre. Le soir, un feu d’artifice est tiré de la place Séverine. La soirée se finit au théâtre. Le lendemain, lundi 13 octobre, après notamment une visite du musée du Vieux Nîmes, Gaston Doumergue se rend dans son village natal, « vers la petite maison d’Aigues-Vives, tout près de la fontaine, la petite maison où Mme Combes attend le frère bien-aimé, le frère illustre – son Gastounet… », conclut l’article du Petit Provençal. 

1924 : Doumergue ouvre les JO de Paris

Si Paris reçoit les Jeux olympiques cet été (26 juillet-11 août), la capitale avait déjà organisé les JO en 1924. C’est d’ailleurs le Président gardois, Gaston Doumergue, qui ouvre l’événement au stade de Colombes. Il s’agit de la 7e édition des olympiades de l’ère moderne qui prennent cette année-là l’appellation « Jeux Olympiques d’été ». Avec la participation de 44 nations et plus de 3 000 athlètes, ces Jeux ont été la vitrine du sport de haut niveau de l’époque. La France remporte 38 médailles, dont 13 en or et termine à la troisième marche du podium.

© Musée municipal d’Art et d’Histoire de Colombes 

Par Julien Ségura

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