Dans ma rue : à la découverte de l’avenue Jean-Jaurès à Nîmes

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Publié le 09 février 2024Podcast

Par Yann Benoit


Rénovée en 2013, elle constitue une formidable entrée de la ville avec les Jardins de la Fontaine et la Tour Magne en ligne de mire.

Au XVIIIe siècle, Jacques-Philippe Mareschal prévoit un « cour neuf » descendant jusqu’à la rue du Mail et permettant d’écouler les eaux pluviales. Le créateur des Jardins de la Fontaine souhaite que l’avenue Jean-Jaurès en soit le prolongement. Le premier tronçon voit le jour en 1866. Le deuxième en 1870, de la place Séverine à la route de Montpellier, pour être prolongé quelques années plus tard jusqu’au viaduc. Après la construction de la gare de la Camargue et du marché à bestiaux au début du XXe, le quartier se développe jusqu’aux années 1920 avec le tramway, un lavoir public et l’installation de quatre cafés historiques ainsi que des forains. En 1942, le plan d’extension de la ville donne une place importante à cette « pénétrante ». Le percement en 1986 de deux tunnels sous les voies ferrées offre au Jean-Jaurès un accès direct sur le boulevard périphérique.

Une nouvelle vie

Mesurant plus de 60 mètres de large sur une longueur d’un kilomètre et demi, l’avenue a été longtemps laissée au stationnement sauvage des voitures. Souhaitée par Jean-Paul Fournier, Maire de Nîmes, la mise en valeur de ce vaste espace a été confiée à l’équipe de Jean-Michel Wilmotte, et les travaux ont démarré en 2007, pour un montant total de 36 M€. L’avenue a été inaugurée en 2013. Dans son projet, inspiré notamment par les Ramblas de Barcelone, l’architecte et urbaniste a souhaité mettre l’accent sur l’esthétique, la verdure et la convivialité. L’embellissement de tout le terre-plein central et l’agrandissement des trottoirs de chaque côté de l’avenue mettent le piéton au centre des préoccupations et de l’espace. On y trouve des lieux intimistes, de repos, de convivialité et d’activités variées, agrémentés de pièces de verdure et de canaux. Tant d’aménagements que les Nîmois ont su s’approprier en l’espace de 10 ans. 

Un quartier riche de sites archéologiques

Au sud des Jardins de la Fontaine, une dizaine de chantiers de fouilles ont été réalisés. Deux opérations menées en 1982 et 1984 ont révélé la présence d’un remarquable ensemble de mosaïques dans les caves d’une maison. En 1987, les fouilles de la place Jules-Guesde ont permis de mettre au jour des éléments que l’on peut interpréter comme les premières limites de la ville pré-romaine. Les fouilles de juin 2007, en amont des travaux de requalification de l’avenue, restent les plus enrichissantes à ce jour, avec la découverte de la mosaïque de Penthée. La qualité et la taille de ce panneau de 35 m2, daté du IIe siècle, indiquent sans aucun doute une opulente maison urbaine romaine (domus). Depuis 2018, cette mosaïque a intégré le Musée de la Romanité : c’est une pièce maîtresse de la collection antique du musée nîmois.

On a rencontré

Le comité de quartier

Geneviève Nicol-Dolhadille est la vice-présidente du Comité de quartier Jean-Jaurès depuis cinq ans, où elle habite depuis 1988. Ce comité, qui rassemble 90 adhérents, est l’un des plus anciens de la ville, avec ses 116 ans d’existence : « Au départ, il s’appelait le comité de quartier du boulevard de la République, c’était le nom des allées Jaurès. » Geneviève a connu le quartier avant les aménagements de 2013. « C’était absolument nécessaire. Aujourd’hui c’est fantastique, nous avons une belle avenue propice à la promenade en famille. Cela a changé notre qualité de vie. » 

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Geneviève Nicol-Dolhadille

Éric et Laurianne Pantel

Éric Pantel et sa fille Lauriane sont les gérants de ce café historique de l’avenue. Le Pantel, c’est une affaire de famille depuis 1944. « Je suis fier de perpétuer la tradition avec ma fille. J’ai pris la succession de mon père, qui avait pris celle de mon grand-père. Le Gambrinus est aussi dans la famille puisqu’il appartient à mes cousins. » Le café-brasserie Pantel est devenu en l’espace de 80 ans un lieu de rencontre privilégié. « On retrouve ici un esprit de café de quartier, de proximité. Le fait que ce commerce ait prospéré dans le temps, cela rassure les clients, on fait partie de leurs habitudes. On remarque aussi que certains Nîmois traversent la ville pour venir chez nous, parce qu’ils se sentent bien. Le Pantel c’est une grande famille. »

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Éric et Laurianne Pantel

Les professionnels du Jean-Jaurès

Olivier Lacoste est coach sportif à la Maison SO mais aussi président de cette association qui rassemble une quarantaine de professionnels de l’avenue. « Et pas seulement des restaurateurs. Il y a une topologie commerciale particulière avec beaucoup de résidences et de tertiaire. Les nouveaux projets immobiliers vont intégrer des locaux commerciaux, c’est une bonne chose. » L’association propose plusieurs rendez-vous tout au long de l’année pour dynamiser l’avenue : « Nous avons lancé tous les mois des afterworks et des petits-déjeuners pour créer du lien. Fin mars, nous organisons une fête des plantes et nous nous penchons sur le premier vide-greniers de l’association. Notre événement phare reste le Jean Jauto Moto, dont la deuxième édition se tiendra le 5 octobre. »

Les Professionnels du Jean-Jaurès

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Olivier Lacoste