L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

Pour célébrer les 80 ans de la Libération de Nîmes, la Ville organisait un colloque historique ce mercredi matin à Carré d’art.

Nîmes libérée, il y a 80 ans. Une matinée pour se souvenir, et entretenir la mémoire. Après une cérémonie empreinte de solennité dimanche 25 août, le Jour J, au monument à la mémoire des martyrs de la Résistance, la Ville organise ce mercredi matin un colloque historique sur la Libération de Nîmes, en partenariat avec Midi Libre, dans l’auditorium de Carré d’art.

En introduction, Daniel-jean Valade, Conseiller délégué à l’enseignement culturel, représentant le Maire de Nîmes, redit d’abord l’attachement de Jean-Paul Fournier « à l’Histoire de notre ville, celle de notre région et celle de France. »

« L’Histoire, c’est fondamental et celle de Nîmes est extrêmement riche, poursuit l’élu, en évoquant les grandes personnalités nîmoises : Rabaut Saint-Étienne, Crémieux, Lazare ou encore Marie Durand. Nous sommes une ville de résistance et de liberté. La résistance aujourd’hui, c’est dire non, à la bêtise, à la méchanceté et à la démagogie. En la matière, il faut une flamme de vigilance. »

« Durant l’Occupation, les gens n’avaient pas assez à manger »

Animé par Emilie Bec, cheffe d’agence de Midi Libre à Nîmes, le colloque s’articule ensuite autour de deux tables rondes. La première, sur le thème de l’Occupation et de la vie quotidienne à Nîmes à partir du 11 novembre 1942, jour d’arrivée des soldats allemands dans la ville.

Derrière Emilie Bec et Daniel-Jean Valade : Didier Lavrut, Armand Cosson et Arlette Chavanieu. – Photos : Dominique Marck.

« Cette date constitue une césure, souligne Armand Cosson, ancien professeur d’Histoire au lycée Daudet, ancien président de la Société d’Histoire de Nîmes et du Gard et spécialiste local de la Seconde Guerre Mondiale. Les Allemands sont arrivés dans l’après-midi et ont investi de suite les bâtiments essentiels, comme la préfecture par exemple. Les Nîmois ont mis un peu de temps à réaliser, jusque-là la guerre était un peu extérieure pour eux… Mais rapidement, les premiers attentats, les premiers actes de résistance et les morts sont arrivés. »

Fille de résistant, Arlette Chavanieu, évoque, elle, les privations, notamment alimentaires, subies par la population nîmoise. Et le manque de viande et de lait, notamment. « Mon père et ses camarades en parlait souvent, c’est resté un traumatisme pour eux. Les gens n’avaient pas assez à manger ! Ceux qui avaient un jardin s’en sortaient plus ou moins, les autres se débrouillaient. »

Et puis enfin, la Libération

Après un intermède musical lors duquel le Chant des partisans et Douce France résonnent dans les sous-sols de Carré d’art (l’occasion pour Suzanne Jullian, 92 ans, de faire admirer la joliesse de ses pas de danse et sa joie de vivre), la seconde séquence, autour de nouveaux témoins, se concentre d’abord sur l’année 1944. « Année meurtrière », en France en général, et à Nîmes en particulier.

Francine Cabane, de l’association des Amis de la fondation pour la mémoire de déportation, rappelle d’abord l’épisode des pendus de Nîmes, le 2 mars 1944 (15 hommes pendus dans la ville) qui a semé l’effroi parmi la population. Jean-Claude Martin, qui avait lui seulement six ans (« j’étais un galopin »), raconte ensuite ses souvenirs des bombardements orchestrés par les Alliés pour préparer le Débarquement de Provence, notamment celui, terriblement meurtrier, du 27 mai 1944 (271 morts, 289 blessés, 5000 bâtiments touchés).

Suzanne Jullian, Jean-Claude Martin, Didier Lavrut, Francine Cabane et Emilie Bec.

Et puis vient, enfin, la Libération en elle-même. « Une Libération sans véritables combats, rappelle Armand Cosson. Des attentats sporadiques, oui, mais pas de bataille rangée. » « C’était un soulagement, se souvient l’ancien galopin Jean-Claude Martin. On pouvait parler sans crainte, il n’y avait plus de couvre-feu… » Les tickets de rationnement, eux, perdurent jusqu’en 1949.

« Il n’y a pas les bons et les méchants »

Et aujourd’hui ? La question de la transmission aux jeunes générations anime la fin des débats. « Il n’y a pas de leçon de l’Histoire, tranche l’enseignant Didier Lavrut, l’un des acteurs de la première table ronde. Cela se saurait s’il suffisait d’enseigner des faits pour qu’ils ne se reproduisent plus… Mais je pense qu’il y a tout de même un devoir d’Histoire, avant un devoir de mémoire : établir les faits, essayer de les comprendre, les expliquer. Mais sans se bercer d’illusions sur l’efficacité. »

Francine Cabane : « Ce que j’essaie de faire comprendre aux jeunes, c’est que tout n’est tout blanc ou tout noir, il n’y a pas les bons et les méchants. Le monde est complexe et cette période l’a été particulièrement. »

Par Mathieu Lagouanère

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