DOSSIER
Un conseil municipal 100% jeunesjeunes et déjà engagés
Environnement, santé, droit des femmes, précarité, citoyenneté… On les dit loin des urnes et des formes d’engagement traditionnelles mais les jeunes sont souvent, voire de plus en plus, les premiers à se mobiliser pour de nombreuses causes. Comment les intégrer davantage dans la vie de la cité, leur transmettre les clés de l’action publique pour les aider à mieux y prendre part ? Autant de questions dont se saisissent la Ville et d’autres institutions.
La pause Covid n’aura pas entamé le mouvement de fond. Si les jeunes ont souvent fort à faire, à commencer par construire leur avenir professionnel, cela ne les empêche pas de se sentir concernés par les problèmes sociaux ou d’intérêt général. Leur engagement tend aujourd’hui à privilégier les actions immédiates et concrètes, en s’appuyant sur des instances associatives de proximité, sur les réseaux sociaux. Ils mettent parfois entre parenthèses leur emploi du temps pour s’investir dans un service civique ou un volontariat, convaincus à juste titre des bénéfices d’une telle expérience.
De plus en plus écoutés
Si l’engagement des jeunes a la vie dure, c’est aussi parce que les institutions ont mis en place des dispositifs d’écoute et d’échanges avec eux, comme les conseils de vie collégienne et lycéenne, en contact direct avec l’administration. Le 14 juillet, plusieurs Nîmois ont reçu des mains de la Préfète un diplôme de Prodiges de la République pour saluer leur mobilisation. De son côté, le service Jeunesse de la Ville soutient de multiples initiatives qui émergent dans les établissements scolaires et universitaires nîmois. Le Conseil Municipal des Jeunes qu’il anime constitue une instance de premier plan d’écoute, de réalisations et d’apprentissage de la citoyenneté à l’échelle de la ville. Avec Tiphaine Leblond, élue à la jeunesse issue des jeunes générations, la Ville est attentive et réceptive à leurs besoins et met tout en œuvre pour enrichir le contact.
Unis pour une semaine citoyenne
En partenariat avec la Ville, Unis-cité, les Francas et la Ligue de l’Enseignement, la Mission Locale Jeunes Nîmes Métropole a organisé en juin dernier sa première Semaine de la citoyenneté, composée de 21 ateliers sur la laïcité, les droits, le service civique, les éco gestes, les problèmes liés au numérique (fake news, cyber harcèlement, e-reputation…). Une action qui a vocation à être reconduite du 7 au 11 mars 2022, à l’occasion de la journée de la femme.
20
associations étudiantes
_________
700
collégiens effectuent chaque année un « parcours citoyen » en mairie
_________
300
participants aux journées inter-collèges
_________
145
participants au « Happening citoyen » en juin 2021
_________
Le Conseil Municipal Jeunes se renouvelle en novembre et décembre.
INVESTIS dans la cité
Il n’y a pas d’âge minimum requis pour s’investir bénévolement pour une cause. Ces Nîmois en témoignent avec un engagement qui force l’admiration.
Zoé, Émilie et Flore, 16-17 ans,conseillères de vie lycéenne
Élues au conseil de vie lycéenne (CVL) à Albert Camus, ces trois jeunes filles de Terminale conjuguent un parcours scolaire brillant avec un engagement lycéen. À l’origine de plusieurs initiatives (collectes solidaires, distributeur collaboratif de serviettes hygiéniques, végétalisation de la cour de l’établissement), elles ont organisé en juin 2021 des rencontres et séquences d’information sur l’après-lycée. Santé et bien-être, démarches administratives, recherche de job … : des professionnels ont prodigué leurs conseils dans le lycée et sur le compte Instagram du CVL. Intitulé « Ma vie d’adulte », ce concept a été remarqué par l’Académie qui envisage de l’étendre à d’autres établissements.
Johan Reboul, 22 ans, fait face à l’urgence climatique
Johan est « juste un lycéen ordinaire » à Daudet lorsqu’éclate le scandale de l’huile de palme fin 2016. Ce consommateur d’une célèbre pâte à tartiner vit alors « un déclic environnemental » et lance deux pétitions sur les réseaux sociaux contre des grandes marques. Très vite, il engrange plus de 250 000 signatures. Les géants de l’agroalimentaire contactent l’adolescent, sans le déstabiliser. « J’ai réalisé que je pouvais susciter un réel impact. J’ai conçu le blog et les comptes facebook et Instagram “Le jeune engagé” réunissant plein d’astuces concrètes sur le thème du changement climatique et j’ai voulu montrer aux jeunes qu’ils pouvaient agir. » En mars 2021 sort Le Guide du jeune engagé chez Fleurus, qui reprend ces conseils et informations glanés auprès de scientifiques et de professionnels. Remarqué par les médias, il est invité sur les plateaux télé. Prochaine étape pour celui qui est devenu étudiant en master de sciences politiques : la création d’une chaine YouTube pour prendre le temps d’expliquer l’impact de nos modes de vie sur l’environnement.
Houcem Mohammedi, 21 ans, ambassadeur Unicef
C’est à 16 ans que ce natif du Mas de Mingue crée l’association « Sourire à tous » qui mobilise les jeunes de son quartier et du lycée Daudet pour des maraudes et actions humanitaires : grâce aux dons récoltés, déjà plus de 100 puits créés dans plusieurs pays, 32 jeunes filles scolarisées en Inde, 150 adhérents, une antenne à Montpellier, à Lyon, à Grenoble. Devenu ambassadeur Unicef, il y conduit des missions et milite contre les violences faites aux femmes, le viol et l’excision. En 2020, il est lauréat de l’appel à projets national Moteurs ! à travers une vidéo tournée en Inde, qui rend hommage à l’humanitaire Pierre Péan. Avant de s’envoler à Singapour pour un master en finances, il a conduit cet été huit jeunes du Mas de Mingue à travers l’Europe en van. « J’ai à cœur de partager mon incroyable parcours avec les jeunes de mon quartier, de leur montrer qu’on peut en sortir et voyager. »
Noé Tisserant, 24 ans, des beaux quartiers à Pissevin
Après une licence de maths, il opte pour un service civique
au sein d’une association culturelle qui œuvre dans les quartiers Massane et Paillade à Montpellier, « un projet enrichissant pour changer de milieu ». De retour à Nîmes, où il a grandi près des quais de la Fontaine, il intègre le dispositif Kaps (Kolocations à projets solidaires) initié par l’association AFEV : il loge à Pissevin avec sept jeunes en loyer modéré en échange d’heures de bénévolat dans le quartier. « J’ai envie de mieux connaître ce quartier, de rencontrer ses habitants et le meilleur moyen est d’y vivre en immersion. Nous allons notamment animer les projets de jardins partagés et créer une web radio. » Un projet plein de promesses à suivre.
Karen Mirandel, 23 ans, de l’intérêt du service civique
Après une licence en psychologie, elle opte pour un service civique à la Croix-Rouge de Nîmes. Arrive la pandémie : Karen est à la manœuvre pour permettre le maintien des activités de distribution alimentaire, gérer les commandes, livrer les repas et médicaments aux personnes confinées. Son service civique terminé, elle reste bénévole à la Croix-Rouge tout en poursuivant un master de ressources humaines en alternance. « Un service civique permet d’être utile et de développer des compétences professionnelles, des qualités humaines, un réseau. Il ne faut pas hésiter à se lancer ! »
Youssef Belqasmi, 18 ans, l’engagement social
« À 14 ans, j’ai accompagné une surveillante de mon collège à l’association Humanîmes et j’y suis resté », explique ce Nîmois de Valdegour. Il participe alors à deux voyages humanitaires au Maroc, effectue des maraudes à Nîmes en collaboration avec la Croix-Rouge. En 2019, il crée l’association « Unissons-nous pour demain », pour favoriser l’accompagnement social et sanitaire des personnes âgées issues de l’immigration, souvent isolées et précarisées faute de maitrise de la langue. Durant les confinements, il participe aux opérations de collecte, distribution et à la diffusion des consignes sanitaires en cinq langues dans les quartiers prioritaires de la Ville. « Aider des personnes en grande difficulté aide à relativiser ses propres problèmes, c’est au-delà des mots », décrit ce bachelier 2021 qui exerce déjà la profession de chauffeur poids lourd.
Tiphaine Leblond,
conseillère déléguée à la jeunesse et à la vie étudiante, Présidente de la Mission Locale Jeunes
__________________________________________________________________
Que fait la Ville pour encourager l’engagement des jeunes ?
Elle propose aux jeunes Nîmois un dispositif d’écoute, de prévention et de renseignements avec son service Jeunesse, qui travaille étroitement avec les établissements scolaires et universitaires de Nîmes. Elle finance également de manière importante la Mission Locale Jeunes Nîmes Métropole qui est au service des jeunes non scolarisés en recherche de solutions et qui peut les orienter vers un service civique. D’une manière générale, la Ville se positionne en facilitateur en soutenant financièrement des initiatives, comme c’est le cas du dispositif de colocation solidaire qui vient d’être créé à Pissevin, ou la Nuit du droit début octobre.
Quelle est la portée du Conseil Municipal des Jeunes ?
On n’imagine pas le nombre de réalisations qui ont été conçues par le CMJ ! Skate park, patinoire… Ce dispositif concrétise notre souhait d’intégrer les jeunes très tôt dans la chose publique. Comme le parcours citoyen imaginé par ces jeunes élus, qui propose chaque année à 700 collégiens un premier contact avec la « maison du peuple » et un élu de la République. Une première sensibilisation qui vise à construire de futurs citoyens impliqués.
Un Conseil municipal 100 % jeunes
Tu as entre 11 et 14 ans ? Fais-toi élire au sein de ton collège pour promouvoir tes attentes et projets auprès de la Ville de Nîmes ! Ta candidature est attendue avant le 26 novembre.
Apprendre le breakdance et le graff à des seniors : les ateliers part’âges ont été initiés en 2019.
Pourquoi les actions menées en faveur de la jeunesse devraient-elles être toujours décidées par des adultes ? À Nîmes, on fait l’inverse : 30 collégiens sont élus pour deux ans par leurs camarades au sein de leur établissement et forment le Conseil Municipal des Jeunes (CMJ). Issus de tous les quartiers dont ils constituent l’assemblée représentative, ils sont à l’origine de bon nombre d’actions ciblant les jeunes Nîmois. La création du skate park, de la patinoire ou de la journée inter-collèges : c’est eux. La mise en place d’un parcours citoyen, qui permet de présenter l’hôtel de ville, les compétences d’une mairie, les missions d’un élu à une classe de collège, c’est encore eux. Cette action, ils l’ont mise en place en réaction aux attentats de 2015, pour aider à renouer avec les valeurs de la République. Plusieurs de leurs initiatives visent à gommer les difficultés de communication entre générations : et à créer un sentiment d’appartenance à la même ville : « souvent les jeunes n’osent pas rentrer en mairie et n’ont pas la notion de “maison du peuple”. Il se définissent souvent plus par rapport à leur quartier que comme Nîmois », explique Sophie-Anne Mialon, animatrice chargée de leur encadrement.
Mieux qu’un cours d’EMC…
Chaque mercredi, les élus du CMJ se retrouvent non seulement pour élaborer leurs projets, établir des partenariats et déterminer le financement de leurs initiatives, mais ils viennent également découvrir les rouages de la mairie, ses différents services, ses élus. Plus encore, ils vont à la rencontre des personnalités et institutions publiques de Nîmes : préfecture, gendarmerie, caserne de pompiers, palais de justice… Ils vont parfois jusqu’à Paris ou Strasbourg découvrir l’éventail des lieux de l’exercice démocratique : Assemblée nationale, Sénat ou encore Parlement européen. De quoi mieux comprendre qui décide quoi et mesurer l’intérêt d’un engagement pour ces futurs citoyens qui, dans quatre ans, auront le droit de vote.
… en plus concret et immersif
Tenir une lance à incendie, apprendre le breakdance à un senior, discuter avec le maire ou la préfète, caresser un chien gendarme, chercher des empreintes avec des enquêteurs de la police criminelle sont des expériences marquantes pour les jeunes élus. « Je ponctue les sorties de moments conviviaux, de goûters, afin de créer une cohésion de groupe et ne pas rester toujours dans un registre sérieux. Nous découvrons aussi différents lieux de Nîmes, culturels, sportifs, pour qu’ils aient une vision complète de leur ville ou partageons des séances cinéma ou des sorties », précise Sophie-Anne Mialon.
D’INFOS
Service Jeunesse, 9A rue Grétry, 04 66 27 76 92
nimes.fr
Happening citoyen organisé en juin par la Ville à l’issue de la première Semaine de la citoyenneté coordonnée par la Mission Locale Jeunes Nîmes Métropole.
Ce programme vise à donner plus de place à la nature dans les cours d’école pour un plus grand confort des quelque 12 200 élèves nîmois.
Chercher des empreintes ou des traces ADN, en compagnie des gendarmes : c’est le genre d’expérience concrète qui vous attend en tant qu’élu du CMJ.
« Le Conseil Municipal des Jeunes m’a beaucoup apporté : j’ai acquis une maturité et une aisance que je n’avais pas auparavant. Cela m’a permis de connaître ma ville, ses rouages. Cela m’a donné envie de m’engager et aujourd’hui dans le Conseil de vie lycéenne de mon établissement, demain dans le volontariat que je compte faire dans un pays d’Europe. »
Zoé,
17 ans, en Terminale au lycée Albert Camus
_________
« Ces années m’ont donné l’occasion de m’impliquer pour ma ville, de réfléchir à des projets pour l’améliorer (et essayer d’ensoleiller les journées de personnes âgées par exemple). J’ai beaucoup aimé m’investir durant ce mandat qui m’a apporté de nombreuses expériences, mais aussi de la bonne humeur et du rire ! »
Mona Bodain
Conseillère municipale jeune
_________
C’est décidé, je suis candidat(e)
_________
Si tu veux faire partie du CMJ 2022-2024, tu dois te porter candidat avant le 26 novembre auprès du service Jeunesse de la Ville en lui adressant ton bulletin de candidature (formulaire dans ton collège ou sur nimes.fr/jeunesse) ou à la vie scolaire de ton collège. Tu dois ensuite faire campagne dans ton établissement jusqu’au 11 décembre, avec un vrai programme, trouver des arguments convaincants pour te faire élire. Le scrutin se déroule le 14 décembre dans tous les collèges de Nîmes : les élèves qui veulent y prendre part doivent être munis d’une pièce d’identité. Les résultats sont proclamés à 18h à l’Hôtel de ville. Par la suite, le jeune élu doit régulièrement rendre compte de son action auprès de ses camarades collégiens.
