La rue de l’Église
C’est la plus longue et la plus ancienne rue du quartier de Saint-Césaire. De la place des Écoles au boulevard Kennedy, de vieilles maisons paysannes aux lotissements des années 80 bordant la colline, elle est un condensé de l’histoire du village dont elle présente un tiers du patrimoine.
« Bien avant que Saint-Césaire ne soit un lieu d’habitation, cette voie était empruntée par les Volques Arécomiques installés près de la source de la Fontaine, lorsqu’ils se rendaient dans la Vaunage jusqu’à la cité des Volques Tectosages (ancêtres des Toulousains) »
explique Francis Brun, président de l’association du patrimoine de Saint-Césaire. Durant l’époque de la colonie romaine, c’est là que se rejoignent le chemin de vieille Toulouse et le chemin de traverse, qui fait la jonction avec la voie romaine Domitienne (située en contrebas de l’actuelle avenue Maréchal Juin). Les recherches de ce passionné d’histoire l’ont amené à conclure que la résurgence naturelle locale servait utilement de point d’eau pour les voyageurs durant de nombreux siècles. Saint-Césairois depuis toujours, il est lui–même né dans cette rue autrefois peuplée d’ouvriers agricoles, qui aurait pu s’appeler rue de l’École, car on y trouve l’une des plus anciennes de Nîmes (elle a 83 ans). Match gagné par l’église romane fin XIIe, édifiée par les chanoines de Nîmes au moyen-âge. La présence de ces derniers pourrait bien être l’origine d’un ensemble de bâtiments ayant appartenu à l’évêché, avant de devenir le domaine viticole de Masquard, qui occupait une partie de la rue jusqu’au début du siècle dernier.
On peut encore admirer son portail datant de 1763, les fondations de son enceinte à flanc de roche et sa demi-tour étrange : un ancien reposoir ? Ici commence la colline, où se trouvent les vestiges de l’ancien moulin à vent et de l’ancien four à chaux, restaurés à l’initiative de l’association. Planté d’oliviers, de pins et d’azéroliers, cet espace naturel sert de refuge à nombreuses espèces : écureuils, hérissons, cigales, lézards, mais aussi à l’abondante faune étudiante du secteur qui fréquente le restaurant universitaire.
Pas si catholique
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La rue de l’Église recèle plusieurs lieux identifiés comme bastions de résistance protestante au temps de la révocation de l’Édit de Nantes : le Nid, près de l’école, où venaient se réfugier les ministres du culte huguenot et où ils tenaient des réunions secrètes. Au n°149 se trouve la Margaridasse, (ou maison de la « grosse Margueritte ») qui ouvrit sa porte à Rabaut Saint-Étienne et le cacha dans sa citerne.
Anne-Christine Blachère et Michel Louette
L’athlétisme est leur principal terrain d’entente. Elle est championne du Gard en marche athlétique, et juge athlétique. Lui a fait toute sa carrière dans le sport : athlète de haut niveau, entraîneur, responsable partenariats olympiques chez Adidas. Aujourd’hui, il préside l’association de gymnastique Capie et conseille l’athlète Jean-Marc Pontvianne. Mais au sous-sol, c’est chacun son hobby : Anne Christine sculpte personnages, vases et animaux avec talent, Michel collectionne les Dinky Toys et complète depuis 10 ans une maquette ferroviaire au 1/43e de 8 mètres de diamètre. Toutes les pièces de ce petit musée sont artisanales, uniques ou fabriquées sur mesure, les éléments de décors sélectionnés aux quatre coins du monde. Son association, les Amis du zéro, regroupe tous les 3 mois au restaurant Vattel une trentaine de passionnés, et chaque année au printemps un cercle plus large de collectionneurs européens.
Alain Chalvet
Lorsqu’en 1986 il quitte le chemin du Mas du Diable pour la rue de l’Église (ça ne s’invente pas), ce Nîmo-bressan s’intègre immédiatement dans la vie du village. Pilier du comité de quartier, boute-en-train, il anime volontiers les clubs de 3e âge, les fêtes de voisins ou les vide-greniers, s’occupant en général de la sono. L’un des dadas de ce sculpteur sur bois devenu contrôleur SNCF, c’est les collections. Une trentaine de vieux moulins à café, plus de 600 schtroumpfs, des centaines de vieux outils qu’il entrepose dans son immense atelier, plus de 1200 disques, et des vieux objets de toutes sortes comme une lettre originale de Napoléon, écrite sur l’île Sainte-Hélène, un fusil et un sabre des troupes impériales. Un véritable petit musée.
Monique Beilin, chemin du Grand Champ
Après trente ans passés derrière le comptoir du café restaurant de la gare, avec ses parents puis son frère jusqu’en 1990, elle est une figure connue. Avant la construction du pont-rail dans les années 70, il y avait un passage à niveau et beaucoup de voitures à cheval utilisées par les viticulteurs se rendant à la coopérative. Une voie partait d’ici vers la gare de Caveirac. Le dimanche, les familles sortaient et faisaient un tour au café, qui jouit d’une agréable terrasse. Parmi la clientèle, les employés de la zone d’activité ont remplacé les ouvriers agricoles. Avec le développement de la Zup en 1962, le commerce de Saint-Césaire compte alors une dizaine de boutiques. Monique vit une retraite occupée, pas loin du café, entre sa mère centenaire et ses petits enfants.