L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

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Un inventaire de la
biodiversité nîmoise

Durant le confinement, quatre agents du service Biodiversité et Espaces naturels de la Ville ont entamé un inventaire des écosystèmes nîmois, qui devrait se prolonger jusqu’en septembre.

Le Rollier d’Europe, présent d’avril à fin août, niche dans des cavités naturelles d’arbres et chasse dans les milieux ouverts, principalement des insectes.

Réorganisé et étoffé depuis quelques mois de compétences nouvelles, spécialisées dans la connaissance scientifique et l’éducation à l’environnement, le service a tiré profit de la crise sanitaire pour déployer, plus tôt que prévu, son plan de recensement de la biodiversité nîmoise. Une période propice, où le silence et l’absence de présence humaine ont permis à la nature de s’exprimer davantage, et durant laquelle insectes et autres animaux ont investi des lieux dédiés aux activités humaines. Au point de s’y mettre en danger, le déconfinement venu.

À l’écoute des oiseaux

Dès l’aube, à l’heure où s’activent les oiseaux, Tiffany Vatin sillonne les jardins et espaces verts ou naturels publics. Conformément à un protocole naturaliste précis, elle commence par décrire l’habitat des bavards volatiles. Puis, immobile et silencieuse, elle réalise un point d’écoute qui dure 5 minutes. “Tous les oiseaux chantent en même temps au lever du soleil, il faut attendre un peu pour les distinguer les uns des autres” relève-t-elle, agréablement surprise par le nombre d’espèces qu’elle a pu observer depuis mi-mars. Le Rossignol philomèle très présent, partout, envoie du son. La Fauvette passerinette, plus discrète, se retrouve dans les buissons bas, tandis que sur l’indice de son chant mélodieux, le Loriot d’Europe et sa parure jaune d’or se laissent furtivement observer dans la hauteur des arbres. Plus tard dans la matinée, il est possible de croiser des rapaces comme le Circaète Jean-le-Blanc, un chasseur de reptiles, ou la Bondrée apivore, un autre migrateur. Mais à Nîmes comme ailleurs, certains ont vu leurs populations diminuer drastiquement, comme le Chardonneret élégant ou les Hirondelles rustiques. Ces dernières ne trouvent plus d’endroits, granges ou autres abris, pour s’installer comme autrefois. L’habitat des espèces est la clé du maintien de la chaîne de biodiversité, aujourd’hui en perte de vitesse “les zones de friches et de hautes herbes sont essentielles car elles abritent des insectes qui nourrissent les oiseaux,” illustre Tiffany Vatin. Pas toujours simple de concilier avec les obligations légales de débroussaillement (visant à protéger la forêt et ses riverains) et l’aversion de nombreux habitants face à cette végétation spontanée. De même, nos haies sont un refuge pour les oiseaux et les tailler entre mars et août entraîne bien des destructions d’habitat, accélérant ainsi le processus d’extinction.

Flore de garrigue

Aurélien Molina se concentre pour sa part sur l’inventaire floristique des Terres de Rouvières, un espace naturel en cours d’aménagement pour l’accueil du public. Une flore de garrigue typique, en pleine explosion à la faveur d’un printemps idéal parce que bien arrosé : plus de 120 variétés recensées, des conditions parfaites d’observation. De nombreuses orchidées sauvages, comme l’Orchis pyramidal, l’Ophrys brillant ou la Barlie de Robert côtoient l’Ail rosé, le Muscari à toupet, l’Oseille sauvage ou encore la Bourrache officinale. Les échappées de jardin et les invasives ont aussi tendance à proliférer dans les milieux ouverts comme le Séneçon du cap ou l’Agave. L’aménagement de l’espace naturel veillera à prendre en compte l’ensemble des espèces dans le but de protéger les plus rares et d’empêcher la dispersion des exotiques envahissantes.

À la recherche de la petite bête

Cyrielle Bernard répertorie quant à elle dans les milieux de garrigue comme sur le Clos Gaillard, les Lauzières, ou dans les milieux humides des espaces naturels de la commune, insectes (papillons, libellules, criquets, sauterelles), reptiles et amphibiens. Le moment idéal pour l’observation des insectes se situe du milieu de matinée à la fin de l’après-midi, aux heures chaudes d’activité de la plupart de ces espèces. Sur une zone et un temps définis, toujours calibrés de la même manière, elle comptabilise et transcrit tout ce qu’elle voit. Le cycle des espèces étant différent, cet inventaire prendra plusieurs mois car certaines espèces sont encore à l’état de larves. La Rainette méridionale, l’inoffensive Couleuvre à échelons, le farouche Lézard ocellé, les Agrions de Mercure (libellules protégées dont le mâle arbore un motif de taureau sur son abdomen, en véritable aficionado), la Magicienne dentelée, sauterelle protégée exclusivement femelle, ou le Crapaud calamite, constituent ses sujets d’observation. La raréfaction des papillons, bien peu nombreux cette année, est une source d’inquiétude. Sauterelles et criquets devraient plutôt s’épanouir à l’été.

L’Orchis pyramidal est une orchidée assez commune dans les prairies calcaires nîmoises.

Le Crapaud calamite profite de la moindre goutte de pluie pour vite aller se reproduire, même dans de simples flaques !

La Diane, magnifique papillon protégé, ne se retrouve que dans le Sud-Est de la France. Sa chenille se nourrit seulement d’une plante appelée l’Aristoloche à feuilles rondes.

BIODIVERSITÉ : UNE CHAÎNE

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Mot contracté des termes « diversité » et « biologique » , la biodiversité représente la variabilité de toute forme vivante dans un milieu où elle se trouve et où elle interagit, chaque espèce constituant un maillon d’une chaîne et l’homme en faisant partie. 36 % des 1,8 million d’espèces répertoriées sur la terre sont en voie de disparition.

LE SAVIEZ-VOUS ?

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Toutes les espèces d’oiseaux, de reptiles et d’amphibiens sont protégées par la Loi, hormis quelques exceptions pour la chasse. La destruction de nids et d’œufs est interdite et passible d’une amende pouvant aller jusqu’ à 15 000 € et un an d’emprisonnement.

« Nous voulons établir un diagnostic de la biodiversité communale, incluant des cartographies et des listes d’espèces.

Ce diagnostic se poursuivra sur plusieurs années, permettant ainsi d’analyser les évolutions de la biodiversité et de mettre en place des mesures de protection adaptées. Un outil de poids pour accompagner les projets d’urbanisme et d’aménagement à travers la démarche ERC (Éviter, Réduire, Compenser), pour sensibiliser le grand public et pour orienter nos actions, à travers par exemple la protection des habitats naturels, le développement des mellifères adaptées à l’écosystème nîmois ou encore la fauche tardive. »

Julie Chauvin,
chef du pôle Biodiversité.

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