L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

Il y a 78 ans, Nîmes était libérée de l’occupation allemande par les forces alliées. Une commémoration se déroule ce jour au Monument aux Morts des allées Jaurès, à 10h. Court récit des événements.

Durant la deuxième Guerre mondiale, Nîmes fut occupée par l’armée allemande à partir de novembre 1942. Plus de 2 000 Allemands y sont positionnés, tandis que la collaboration, menée par le préfet Angelo Chiappe, et la résistance, gonflée par la forte de présence du Front populaire et du Parti communiste Français, ainsi que par l’hostilité générale face à l’envahisseur, divisent la population en deux camps. La résistance se compose de quatre réseaux principaux dans le Gard et atteint un effectif de plus de 2000 maquisards en juillet 1944.

Une libération rapide

Le Gard est le dernier département de la région à être libéré. Après le débarquement des forces alliées en Provence le 15 août 1944, l’armée allemande est déjà en déroute. Les effectifs de la Wehrmacht chutent de 72000 hommes à 44 000 en Languedoc Roussillon tandis que les rangs des maquis grossissent, avec le ralliement notamment des gendarmeries et des soldats arméniens, tartars et azerbaidjanais qui étaient enrôlés de force dans l’armée allemande. La plupart des Allemands ont déserté Nîmes. Les maquisards occupent la caserne Montcalm le 24 août au matin, un poste de commandement des FTP est installé boulevard Gambetta tandis que 2000 FFI investissent les rues sous les acclamations. Le docteur Cabouat, chef du service de santé des mouvements unis de la Résistance devient président du comité local de libération dès le 24 août. Le 25 août, la ville est officiellement libérée, sans combat véritable.

Libération rocambolesque de la capitale du Gard

D’après la délégation du Gard du Souvenir Français, un maquis composé en partie d’antifascistes allemands réfugiés dans le Gard assure la protection de la ville, alors que l’ensemble des troupes allemandes n’a pas encore quitté la région. « On avait appris que l’armée allemande voulait, avant son départ, détruire certains secteurs de cette ville et quelques objectifs industriels importants des environs. Afin de l’en empêcher et d’éviter les routes empruntées par la Wehrmacht, la Résistance, en collaboration avec des cheminots français, mena à bonne fin l’audacieuse entreprise suivante. C’est dans une gare, entre Alès et Nîmes – à Saint-Hilaire-de-Brethmas –, que ce 23 août, tard dans la soirée, nous sommes montés dans des wagons de marchandises. […] Et c’est ainsi qu’un bataillon de cinq compagnies, enfermés dans les wagons d’un train de marchandises déclaré comme transport de la Wehrmacht, fut dirigé sur Nîmes au nez et à la barbe des postes allemands. […] De bon matin, nous sommes entrés dans Nîmes. […] Nous avons alors appris que les nazis s’étaient retirés pendant la nuit. […] Norbert BEISÄCKER descendit l’emblème à croix gammée qui flottait au fronton surmontant le portail et hissa à sa place le drapeau tricolore. Une centaine de personnes qui s’étaient rassemblées chantèrent La Marseillaise. Des Nîmois, nous entendant parler entre nous dans notre langue, furent effrayés et se demandèrent ce qui se passait : les Allemands étaient-ils encore là ou non ? Cependant, quelques-uns d’entre eux nous accostèrent et nous demandèrent si nous étions pas plutôt des camarades de THÄLMANN . Comme nous leurs avons répondu affirmativement, en précisant que nous étions des anciens combattants d’Espagne, nous avons été fêtés à nouveau tout particulièrement […]. Sur ces entrefaites, une colonne motorisée de la Whermacht déboucha de la rue d’Uzès. La population se dispersa comme par enchantement et Richard HILGERT et Hermann LEIPOLD tirèrent sur les soldats fascistes à la mitrailleuse. […] Ils devaient être mitraillés encore à deux reprises dans la ville par des camarades polonais et italiens, et finalement stoppés. »
Témoignage de Martin Kalb et Max Danner in Resistance-Erinnerungen deutscher Antifaschisten,
Dora SCHAUL, éd. Dietz, 1973.

Un lourd tribut payé par la population

Durant le premier semestre, les bombardements alliés s’étaient intensifiés, causant 271 victimes et 5 000 sinistrés, au point d’être appelés par les Nîmois les « libéra-tueurs ». L’hôpital, situé près des casernes allemandes, est touché par erreur le 27 mai 1944 : 44 morts. Un troisième bombardement a lieu dans la nuit du 22 au 23 août. Si la libération est rapide, elle ne se fera pas sans heurts ni massacres d’épuration : ainsi, 9 miliciens sont éxécutés le 28 août devant les Arènes. Une cours martiale est mise en place pour canaliser cette répression. La préfecture dresse l’année suivante un bilan de la guerre dans le Gard : 295 personnes assassinées, 5670 déportés dont seulement 260 sont revenus, 323 civils tués dans les bombardements et 3000 sinistrés.

Monument classé

La commémoration de ces événements se déroule chaque année au monument aux morts situé sur les allées Jean Jaurès. Erigé en 1947 en souvenir des martyrs de la seconde guerre mondiale, il est l’oeuvre de l’architecte Jean-Louis Humbaine et du sculpteur Jean-Charles Lallement. Il se compose d’une grande pyramide et d’une crypte où repose un gisant de bronze.

Source : La Libération dans le Gard, Archives départementales du Gard.

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