Le quotidien des archéologues
de l’INRAP
Archéologue : un métier qui fait rêver. Un regard parfois fantasmé sur cette profession à l’origine de découvertes historiques impressionnantes. Le quotidien n’est pas de tout repos et les conditions de travail sont parfois rudes. Immersion avec les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), pour comprendre la complexité de ce métier.
En ce moment se tient un chantier de fouilles préventives au Mas de Vignoles jusqu’au 30 avril ; un site qui va accueillir la construction par la Ville de Nîmes de la future Halle des Sports et du stade provisoire de Nîmes Olympique. Ce secteur de la ville, déjà connu des archéologues depuis des décennies, est très sensible en termes de découvertes. Le chantier a pu voir le jour suite à des diagnostics qui ont révélé environ 1 200 structures archéologiques (foyers et fosses) de l’époque néolithique, gauloise et de façon très marginale, de l’Antiquité. Les fouilles préventives sont réalisées en amont des projets immobiliers. Le Service Régional de l’archéologie (Drac Occitanie) prescrit les fouilles si les diagnostics et les sondages sont convaincants, il détermine aussi la durée du chantier et de la phase d’études. Ces diagnostics consistent à réaliser des tranchées sur environ 7 % du site. Toutes les deux semaines pendant le chantier, un agent du service, en accord avec le responsable d’opération, réajuste la stratégie de fouille en fonction de l’avancement des recherches.
Les mains dans la boue
Fabien Convertini est le responsable d’opération. Ingénieur chargé de recherche à l’Inrap depuis vingt ans, il supervise les travaux des archéologues sur place. L’équipe est composée de responsables de secteurs, qui dirigent eux-mêmes 5 à 10 personnes. Chacun coordonne les recherches sur une zone spécifique définie en fonction de leurs disciplines, comme l’anthropologie ou la céramologie. Maxime Remicourt, spécialiste des industries lithiques taillées et du macro-outillage, s’occupe de l’un de ces secteurs : « Nous avons découvert du silex bédoulien blond qui vient des environs du Vaucluse et qui date de 4100 avant notre ère. À l’époque, le silex faisait partie des premières industries humaines, on en retrouve jusqu’en Bretagne. Ici, il servait pour l’outillage agricole et les tâches du quotidien. » Accroupi dans la terre boueuse, Maxime doit être attentif. Le silex a tendance à facilement se confondre avec l’argile, il est essentiel d’utiliser un crible (sorte de tamis ou passoire) pour découvrir les plus petits fragments.
Un travail colossal
Avant de réaliser des fouilles plus précises, il a fallu décaper le sol et la terre à l’aide de pelles mécaniques. Sur ce chantier, cela représente 4 hectares de surface à dégager. Après ce travail, des taches grises apparaissent dans le substrat orangé, elles sont synonymes de la présence de structures archéologiques creusées (caves, silos, sépultures…) qui livrent plus ou moins de vestiges. À l’issue de leurs fouilles, des ensembles datés de la même période pourront être déterminés. Sur certains chantiers de fouilles préventives, les terrassements nécessaires pour accéder aux niveaux bas peuvent atteindre 15 m de profondeur.
Et après ?
Les vestiges révélés, rassemblés et documentés font ensuite l’objet de recherches scientifiques poussées. Deux années sont consacrées aux études après la fouille. Le responsable d’opération dirige la rédaction d’un rapport, en concertation avec ses responsables de secteurs et les spécialistes. Cette synthèse des découvertes et les analyses des vestiges vont permettre de rendre compte au Service régional de l’archéologie, de la mémoire de ce chantier. Ce travail est essentiel à la sauvegarde du patrimoine archéologique. Concernant le stade provisoire de Nîmes Olympique, sa construction démarera en ce début d’année. À la fin du chantier de fouille, l’autre partie du terrain va accueillir la Halle des Sports, un équipement financé par la Ville de Nîmes à hauteur de 11,8 M€ HT.
POUR EN SAVOIR PLUS 
Découvrez l’ensemble des découvertes archéologiques
à Nîmes sur Inrap.fr
Le terrassement mis en place pour fouiller le puits.
Le décapage du sol et de la terre à l’aide d’une pelle mécanique. Première étape des fouilles.
Un travail minutieux après la découverte de ces ossements.
« Au Mas de Vignoles, nous avons découvert de la poterie, du silex, des ossements et un puits. Nous sommes sur une zone qui a été occupée il y a plus de 10 000 ans. Au Néolithique, il y avait ici des petits villages »
Fabien Convertini,
responsable scientifique d’opération
et chargé de recherche à l’Inrap.
DE LA FOUILLE AU MUSÉE
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La deuxième Vitrine d’actualité conçue par l’Inrap et exposée au Museum d’histoire naturelle et de Préhistoire de la Ville de Nîmes, est présentée au public en ce mois de janvier. Elle porte sur la sculpture à la fin du Néolithique et fera la lumière sur deux pièces remarquables, découvertes dans le Gard à l’occasion de fouilles archéologiques préventives. Frédéric Jallet et Hélène Vergely, responsables de recherches archéologiques à l’Inrap, présenteront cette nouvelle vitrine à l’occasion d’une conférence donnée au Museum, le mercredi 12 janvier à 17h30.