DOSSIER
Accélérer les zones 30
L’Écusson non piéton et le quartier des Marronniers s’apprêtent à passer en zone 30 ce mois-ci. Convaincue des bienfaits de la formule, Nîmes fait le choix d’une extension progressive en lien étroit avec ses comités de quartier et les riverains. Quels sont les enjeux, les avantages et les principes de cette nouvelle façon de circuler en milieu urbain ? On vous dit tout.
« D’ici la fin décembre les 6 000 habitants du quartier des Marronniers vivront en zone 30 »
Une réponse à l’explosion des mobilités douces
Aujourd’hui, la zone 30 se développe comme une réponse appropriée et simple à la diversification des usages de la voirie, parce qu’elle permet leur cohabitation de manière plus sécurisée. Les nécessités environnementales et de santé favorisent l’explosion des mobilités douces et des engins de déplacements personnels mécaniques ou électriques (vélos, trottinettes, overboards…). Cet engouement est renforcé par la pandémie, les incitations financières et le coût de l’énergie fossile. Cela oblige à repenser en profondeur et rapidement l’organisation de la circulation en amont d’un changement, plus long et pas toujours possible partout, des infrastructures. C’est pourquoi la Ville de Nîmes développe des zones 30 en parallèle des aménagements dédiés aux circulations douces. Après les quartiers Beausoleil-Olivier-Amoureux en 2019, le nord de l’Écusson s’affiche à 30 km/h dès le 6 décembre, suivi des secteurs Marronniers-Capouchiné fin 2021. Gambetta-Richelieu, Castanet et Montaury devraient emboîter le pas à partir de 2022, en concertation avec les habitants de ces quartiers.
13 mètres :
distance de freinage à 30 km/h contre 39 mètres pour 50 km/h
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Un risque de décès
divisé par sept
en cas d’accident
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– 25 %
de risques d’accident
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Moins de bruit, plus de sécurité
Depuis deux ans, la Ville développe progressivement les zones 30, en concertation avec les habitants, conformément à son schéma des modes actifs adopté en 2019 et, plus largement, au Plan des Mobilités défini à l’échelle de l’agglomération.
En 2023, la rue Auguste sera piétonnisée dans le cadre de la candidature à l’Unesco.
Huit zones 30 existent déjà à Nîmes : Hoche-Université, y compris les rues Sully et de la Biche, l’avenue Feuchères et les abords de l’Esplanade, les rues République, Jean Bouin, Notre Dame entre la rue Séguier et la rue Villars, le chemin de la Calmette à hauteur du chemin du Réservoir, le Carré Saint Dominique et ses abords. En 2020, c’est un quartier complet qui a expérimenté, avec succès, la zone 30 : Beausoleil-Amoureux et Oliviers. « La zone 30, cela a été compliqué au démarrage mais aujourd’hui tout le monde est content », explique Kevin Dominguez, président du comité de quartier Les Oliviers – Route de Beaucaire. « J’ai reçu des messages en pagaille lors de sa mise en place car les vieilles habitudes de tout le monde étaient modifiées. Malgré les réunions préalables, tous n’étaient pas forcément conscients de ce changement. Mais aujourd’hui cela fait clairement l’unanimité dans le quartier. » Des avantages, il y en a effectivement : moins de bruit, plus de sécurité, une circulation piétonne et cyclable facilitée : de quoi apaiser un environnement fait pour être résidentiel et qui plus est riche en établissements scolaires, donc en trajets piétons d’enfants.
L’Écusson hors zone piétonne
Ce mois-ci, deux nouveaux quartiers sautent le pas : il s’agit de toutes les rues de l’Écusson qui ne sont pas piétonnes et du quartier des Marronniers. La portion de l’Écusson concernée par cette mesure s’apparente plus à une régularisation, la vitesse de circulation y étant actuellement peu excessive. Aucune modification de sens de circulation n’y sera effectuée et compte tenu de l’étroitesse des rues, les vélos ne seront pas autorisés à circuler à contresens pour des raisons de sécurité. À plus long terme, le plan de circulation du secteur sera modifié avec la piétonnisation de la rue Auguste d’ici 2023 dans le cadre de la candidature à l’inscription à l’Unesco de la Maison Carrée.
Le quartier des Marronniers
En revanche, c’est un changement notable pour le quartier des Marronniers et du Capouchiné. Cette nouvelle zone s’étend sur un vaste périmètre entre les boulevards Natoire – Leclerc à l’est, le Chemin de Capouchiné à l’ouest, et des boulevards Sergent Triaire et Allende au nord et au sud. Soit un quartier de 6 000 habitants qui bénéficieront d’une meilleure qualité de vie, avec pas moins de 12 rues placées en sens unique pour les voitures, et des circulations cyclables en double sens dans l’ensemble des rues. Ralentisseurs, oreilles, marquage au sol et aménagements spécifiques accompagnent ce changement. Les zones 30 sont appelées à se développer rapidement au-delà : des discussions sont déjà en cours avec les comités de quartier nord Gambetta, Camargue , Castanet et Montaury pour l’adoption sur mesure de ce régime.
En concertation avec les habitants
Si ces mises en zone 30 sont progressives, c’est aussi parce qu’elles sont examinées dans le détail avec les habitants des quartiers concernés. En préambule, la Ville fait de la pédagogie car modifier ses habitudes de déplacement engendre souvent une réaction négative. À raison de plusieurs réunions, il s’agit de démontrer l’intérêt de la réduction de la vitesse de circulation. Puis l’idée fait son chemin, la géographie du quartier est ensuite examinée au cas par cas et son plan de circulation co-défini afin de réaliser les aménagements nécessaires pour assurer la sécurité de tous les utilisateurs de la voirie. Les associations cyclables sont également concertées pour la mise en œuvre de ce programme.
Des aménagements incitatifs
« À Nîmes, nous avons fait le choix d’accompagner la mise en zone 30 par un certain nombre d’aménagements de réduction de vitesse », explique Olivier Lefranc, directeur de la voirie. Car en effet, s’il suffit de poser des panneaux à l’entrée d’un périmètre pour le placer en zone 30, son effectivité en est grandement améliorée par des aménagements de voirie : coussins berlinois, chicanes… Tout cela ayant un coût plus conséquent. Ces aménagements sont une condition importante du respect de la vitesse, ainsi que le constate Thierry Razigade, directeur de la Police municipale : « Grâce à notre radar pédagogique mobile, qui permet d’analyser la vitesse moyenne sur une voie de circulation, nous constatons que l’efficacité des zones 30 en est grandement renforcée. » Des contrôles ponctuels ou suite à un signalement des habitants de vitesses excessives sont ainsi effectués.
LE SCHÉMA DES MODES ACTIFS
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Adopté en 2019, il définit tout le programme de déploiement des modes actifs à Nîmes. Il prévoit notamment l’essor des circulations à vélo (8 M€ en dix ans) et s’articule avec le Plan Des Mobilités (ancien Plan de Déplacements Urbains) de l’Agglomération. Ce dernier prend en compte le développement volontariste des transports locaux ferroviaires (réouverture des lignes Remoulins, Vauvert…) et celui de la T2 qui permet également le déplacement à vélo en site propre.
Claude de Girardi,
adjointe déléguée à la Mobilité, à la Circulation et au Stationnement/span>
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Pourquoi développer les zones 30 à Nîmes ?
Parce qu’elles permettent le partage de l’espace public, pour faire cohabiter en sécurité la voiture avec les autres modes de déplacement. Il s’agit de pacifier les secteurs plus résidentiels, en dissuadant la circulation de transit. Celle-ci doit rester sur les grands axes à 50 km/h. De plus, la zone 30 est une bonne solution pour développer la circulation cyclable quand la voirie n’est pas suffisamment large pour créer des bandes cyclables.
Pourquoi ne pas l’envisager d’un coup comme dans d’autres villes ?
Nous ne nous contentons pas de poser des panneaux. Nous voulons travailler en profondeur, main dans la main avec les comités de quartier concernés, en examinant chaque carrefour, chaque situation. Pour la mise en place de la zone 30 du quartier Marronniers, nous avons examiné une trentaine de points ensemble, en prévoyant des aménagements de sécurité. Notre volonté est d’étendre cette mesure dans le plus de quartiers possible.
Zone 30 : mode d’emploi
Petit rappel des règles et principes, pour la sécurité de tous.
Comment savoir si je suis en zone 30 ?
Un panneau rectangulaire zonal vous indique systématiquement que vous entrez ou que vous sortez d’une zone 30 alors qu’une limitation de vitesse à 30 km/h peut s’arrêter à la prochaine intersection ou changer au panneau suivant. Ces indications obligatoires peuvent être complétées d’un marquage au sol de rappel au sein de la zone. De la même manière, lorsque vous quittez la zone 30, un panneau rectangulaire vous l’indique systématiquement. La limite générale de vitesse de 50 km/h s’applique alors.
Et les nouveaux engins de déplacement personnels motorisés ?
C’est ainsi que sont catégorisées les trottinettes électriques, monoroues, overboards et gyropodes dans le code de la route depuis fin 2019. Mode de déplacement favori de plus de 70 % des 18-34 ans, ces nouveaux auxiliaires de mobilité urbaine sont plébiscités. Leurs ventes ont bondi de 33 % en cinq ans. En zone 30, si je conduis un engin électrique, je me comporte de la même manière qu’un automobiliste et je cède la priorité aux piétons et aux cyclistes. À noter que si j’utilise un engin personnel non motorisé (trottinette non électrique, skateboard, rollers), je suis assimilé à un piéton et je dois circuler à allure modérée sur les trottoirs et peux traverser la voie à titre prioritaire en zone 30. La méconnaissance des règles de circulation tend à augmenter les accidents :
Des parkings « centrales de mobilité » Alors que les nouvelles mobilités se multiplient, les parkings se mettent aussi à la page. La société nîmoise Tisspark a ainsi inauguré un nouveau parking silo de 375 places sur le parc Georges Besse en novembre. Courant décembre, il proposera à ses abonnés un service de mobilité douce et partagée via la start-up montpelliéraine Trivia Sharing : des trottinettes électriques en libre-service via des casiers connectés.
« A 30 km/h, le champ de vision de l’automobiliste est élargi »
Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema)
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Dans les zones 30, le piéton et le cycliste sont prioritaires.
« Notre association, affiliée à la Fédération des Usagers de Bicyclette, travaille régulièrement depuis 2013 avec la municipalité et l’agglomération pour mieux adapter les aménagements urbains au vélo et offrir des itinéraires continus et sécurisés. Nous sommes également favorables aux zones 30 dont nous prêchons depuis longtemps les mérites.»
Michel Bourgeat,
président de l’association Croco Vélo
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« Si le passage en zone 30 de notre quartier a généré de nombreuses protestations au début, cela fait aujourd’hui l’unanimité »
Kévin Dominguez,
président du comité de quartier Les Oliviers-Route de Beaucaire
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Amendes forfaitaires encourues
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11 € par équipement manquant
35 € pour transport de passager
135 € pour circulation sur un trottoir
1 500 € pour dépassement de vitesse
POUR EN SAVOIR PLUS
Retrouvez le plan des visuel accroche vélo
en ville et des pistes cyclables
sur nimes.fr
Les règles de circulation
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JE SUIS UN CYCLISTE : j’ai la priorité et j’ai la possibilité, sauf si une contre-indication le précise, de circuler dans les deux sens, y compris dans les voies à sens unique pour les véhicules motorisés. Si je conduis un vélo électrique, je ne dépasse pas les 30 km/h.