Nora Boucenna, l’ange de la Route d’Arles
Nora a reçu la médaille de la Ville le 3 juillet dernier en reconnaissance de son investissement humaniste et citoyen exceptionnel.
AGENT D’ENTRETIEN JONGLANT SUR TROIS EMPLOIS,
maman de sept enfants, Nora prépare aussi 180 à 250 repas par semaine pour les plus démunis avec l’aide d’un réseau de bénévoles et de commerçants qu’elle s’est constitué. Elle se lève tous les matins à 5 heures, du lundi au samedi, pour prendre son poste, près de chez elle : Nora Boucenna est (entre autres) agent d’entretien dans les immeubles du Triangle de la Gare. Avant d’embaucher, elle dépose un
thermos rempli de café chaud au pied des occupants des sacs de couchage dont elle connaît les cachettes, en prenant soin de ne pas les réveiller. Selon un rituel bien rodé, elle passera dans trois heures récupérer ses thermos vides, non sans avoir pris des nouvelles de ses pensionnaires des rues. Elle est comme cela, Nora. Elle ne trouve pas de tranquillité si elle sait que quelqu’un est dans le besoin et qu’elle peut faire quelque chose. Elle ne donne jamais d’argent, toujours de quoi se remplir l’estomac ou se réchauffer. Ses interventions se multipliant, sa voiture comme sa maison se
transforment en véritables bricà-brac, remplis de couvertures, de gants et d’ustensiles. Devenue cuisinière bénévole pour plusieurs associations (Résister pour exister, Taxis de l’Espoir, Éveil), elle prépare tous les vendredis
un repas chaud fait maison (y compris le pain), avec des
produits frais et de la viande du jour, distribué sur les lieux
de maraudes.
« Toute petite, je partageais
déjà mon goûter dans la
cour d’école, j’organisais
des cagnottes. »
Nora Boucenna
Quand la générosité tisse sa toile
Pour y parvenir, Nora a mobilisé autour d’elle une centaine de personnes. Du boulanger de la Graine d’Or au boucher des Jonquilles, en passant par le primeur du marché de Pissevin, elle trouve des denrées et des bras pour poursuivre son action. Sans oublier le groupe de donatrices de Nîmes, Lyon, Paris, Bruxelles… qu’elle a créé et qui s’est développé tout seul sur WhatsApp, intitulé « Les princesses ». Chaque dépense y est consignée, les préparations filmées. À la moindre urgence, le réseau se mobilise : pour loger une famille, habiller un nourrisson… « Sans mes Princesses, je ne peux rien faire », reconnaît l’ange de la route d’Arles.