De Christian à Nimeño II
À quelques semaines des 30 ans de la disparition du torero Nimeño II, la Ville lui rend hommage à travers une exposition, au musée des Cultures Taurines Henriette et Claude Viallat et autour des Arènes. D’un grand charisme, doté de qualités humaines indéniables, Christian Montcouquiol « Nimeño II » aura laissé un souvenir impérissable chez ceux qui ont eu la chance et le privilège de le côtoyer et de le voir toréer.
Nimeño II avec Manitas lors du pèlerinage gitan aux Saintes Marie de la Mer. ©Lucien Clergue
Christian était l’un de ces gamins du Mont Margarot qui s’amusait à toréer avec un taureau mécanique. Une afición transmise par son grand frère Alain Montcouquiol. À cette époque, il n’imaginait pas qu’il deviendrait quelques années plus tard Nimeño II, premier torero français à triompher en Espagne et en Amérique latine.
Premier pas dans l’arène
Le 19 juillet 1969, il revêt pour la première fois le costume de lumières lors d’une novillade non piquée dans les Arènes de Saint-Gilles. Après avoir mené une carrière très prometteuse comme novillero avec picadors, le 28 mai 1977 il prend son alternative dans les Arènes de Nîmes « Lorsqu’il apparut en piste entre Teruel et Manzanares, éclata une formidable ovation, et Christian fut bouleversé par tout l’amour de cet accueil », raconte son frère Alain dans son livre Recouvre-le de lumière. Maestro international, respecté en Espagne, et adulé en France comme en Amérique latine, principalement au Mexique où ses faenas resteront à jamais gravées dans la mémoire collective, Nimeño II aura porté très haut le nom de la ville de Nîmes.
« C’est une grande fierté pour nos enfants d’avoir eu un grand-père torero. On le considère un peu comme un héros. »
Sophie et Alexandre Montcouquiol,
les enfants de Nimeño II
Conde Hermanos, Madrid, guitare de Nimeño II collection Alexandre Montcouquiol.
Portrait de Nimeño II. ©Lucien Clergue
Christian vu par ses enfants
Ses enfants Sophie et Alexandre le décrivent comme un homme hypersensible, humble et généreux. Agés de 7 et 4 ans à la disparition de leur père, ils ont appris à le connaître à travers des témoignages d’amis proches. « Chaque fois que nous allons voir une corrida, on sent qu’il y a quelque chose qui nous lie, on se projette. » Aujourd’hui, à leur tour parents, ils perpétuent sa mémoire.
Guitariste dans l’âme
« Lorsque Christian s’imaginait sans les toros, il rêvait d’une petite pension, à Madrid, d’où il repartirait à zéro pour devenir guitariste… C’était son rêve », se confie Alain. Ce que Sophie et Alexandre confirment : « Il était passionné de guitare. Son mentor, c’était Paco de Lucia. Dès qu’il rentrait de voyage, il prenait sa guitare et il jouait. Il aimait jouer avec Manitas. » Cette guitare appartient aujourd’hui à Alexandre et vous pourrez la voir au musée des Cultures Taurines. « C’est l’objet qui le représente le mieux », expliquent-ils à l’unisson. Une passion découverte à l’âge de 12 ans auprès de Joseph Salva et Le Sourd, au bar nîmois Le Gitan. « Si tout au long de sa vie et aussi loin que je m’en souvienne mon frère s’est toujours bien entendu avec les musiciens, c’est qu’il était comme eux un homme passionné, exigeant, avec ce besoin formidable de se fixer des buts inaccessibles » (Alain Montcouquiol, Recouvre-le de lumière).
LA BONNE DISTANCE
_________
Le 7 octobre sort en librairie La Bonne Distance d’Alain Montcouquiol. De courts récits, tirés des jours heureux durant lesquels avec son frère, le grand matador Nimeño II, ils bâtissaient une des plus singulières aventures humaines que cet art puisse offrir. Une petite pépite où l’on passe au fil des pages des rires aux larmes… Un savoureux moment d’émotions et d’anecdotes. Éditions Verdier
Nimeño II et sa fille Sophie. ©Lucien Clergue
Une exposition pour le prince nîmois
Initiée par Gilles Raoux, régisseur des œuvres et des expositions du musée des Cultures Taurines et ancien torero, Sophie Roulle, adjointe à la Culture, et Frédéric Pastor, adjoint délégué aux Festivités, à la tauromachie, aux rapatriés et aux traditions locales, cette exposition vient commémorer les 30 ans de sa disparition survenue le 25 novembre 1991. Vous y découvrirez plus de 100 pièces dont certaines prêtées par sa femme Isabelle Montcouquiol et ses enfants, telles que son costume d’alternative ainsi que des objets personnels et intimes lui ayant appartenu et qui donnent une émotion supplémentaire à cet hommage. Des livres, des toiles de Jean Ducasse et Christian Gaillard, des gravures, issus du fonds du musée ou de collections privées, des capes et muletas ainsi que des photographies de Lucien Clergue et Michel Pradel et d’autres photographes comme Christian Mouraret, Michel Volle, J. Marty, Michel Dieuzaide ou Robert Boymond agrémentent cette exposition. Depuis la Feria, 14 photographies du torero prises par Lucien Clergue et Michel Pradel sont exposées autour des Arènes jusqu’à fin novembre.
POUR EN SAVOIR PLUS
Musée des Cultures Taurines Henriette et Claude Viallat,
6 rue Alexandre Ducros. Ouverture du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Sastreria Santiago Pelayo, Madrid, costume vert émeraude et or d’alternative de Nimeño II, Feria de Pentecôte, 28 mai 1977. Collection famille Montcouquiol.