De nouvelles fouilles
sous la piste des Arènes
Jusqu’au printemps, une équipe d’archéologues explore les coulisses antiques des Arènes et un puits wisigoth, situés sous la piste. Cette campagne de fouilles approfondit celles menées durant l’hiver 2015-2016. Elle permettra de mieux connaître l’histoire de cet espace appelé « salle cruciforme » depuis sa découverte au XIXe et de préserver l’édifice par une meilleure gestion des circulations hydrauliques en sous-sol.
La salle cruciforme de l’amphithéâtre et son réseau souterrain ont très peu été étudiés jusqu’à nos jours. Débutée mi-octobre, cette nouvelle campagne de fouilles de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), commandée par la Ville s’avère plus imposante que la précédente. Plus approfondie, elle mobilise une équipe plus importante et spécialisée sur les fouilles de puits, car il s’agit d’explorer cette fois-ci la totalité du sol, ainsi qu’un puits médiéval. Une base de vie, composée de 4 bungalows et d’un barnum ont pris place sur la piste tandis qu’une mini pelle et une pompe ont été introduites en sous-sol. Ces nouvelles investigations visent à étudier et à mieux comprendre les différentes phases d’utilisation de ce lieu et la circulation de l’eau en sous-sol depuis l’antiquité.
Coulisses antiques
L’amphithéâtre de Nîmes, édifié au tout début du IIe siècle de notre ère, est l’un des rares à posséder un réseau de salles souterraines en assez bon état de conservation. Certes sans équivalence avec ceux de Rome ou de Capoue par leur taille et l’importance de leurs souterrains, qui se distribuent parfois sur deux étages, il rivalise avec un grand nombre d’amphithéâtres de capitales provinciales impériales telles que Tarragone, Syracuse, Mérida, Saintes ou Lyon. Découverte par l’ingénieur Grangent en 1819, dégagée par Henri Revoil en 1866, cette salle antique nîmoise composée de deux galeries perpendiculaires avait alors été identifiée comme coulisses antiques. Henri Revoil évoque des machineries souterraines et des trappes (les pegmata) qui participent à l’élaboration des spectacles. Entre 1987 et 1989, Marc Célié réalise des fouilles dans le quart sud-est de la piste qui montrent que les réseaux souterrains, d’une complexité insoupçonnée, ont subi plusieurs phases d’aménagement successifs sur un laps de temps très court après la construction de l’amphithéâtre. En 2016, l’étude des murs et des encastrements a confirmé cette hypothèse. D’une salle rectangulaire possédant deux petits couloirs, le plan originel des souterrains est rapidement modifié pour répondre à des besoins d’espace et de stockage. Des agrandissements importants sont entrepris avec l’allongement et l’élargissement du grand axe puis la création du petit axe, la création de galeries complémentaires et la conversion de l’égout de piste en couloir. Vient ensuite une période de délaissement de certains espaces et un changement d’utilisation pour d’autres, avec des réfections importantes. Elle est suivie par un abandon total et le remblaiement de tous les souterrains, provoqué sans doute par un événement torrentiel.
Inondations récurrentes
Les sondages ont montré l’existence d’un sol initial en béton de tuileau, détruit probablement lors de la mise en place d’un large drain antique creusé afin de pallier aux arrivées d’eau, qu’elles soient de ruissellement ou par remontée de la nappe. Située à 2 mètres du sol de la salle, celle-ci enfle régulièrement de en fonction des intempéries, jusqu’à remplir entièrement la salle cruciforme. Rappelons qu’elle est l’élément le plus enfoui de l’amphithéâtre (-6 mètres), qui est lui-même situé dans l’un des points les plus bas de la cité antique. Elle constitue ainsi un vaste puisard, une citerne, d’autant que depuis le 19e siècle, l’égout de piste s’y déverse, et qu’elle est vidée de ses déblais depuis près de 160 ans. Se pose aujourd’hui le problème de l’évacuation de l’eau, alors que le chantier de restauration de l’amphithéâtre est en grande partie dédié à la lutte contre les effets dévastateurs de la pluie. C’est la raison pour laquelle, à l’issue des fouilles, devront être envisagées des solutions de préservation afin de soustraire la salle cruciforme aux inondations qui la fragilisent.
« Nous espérons trouver des traces des dispositifs qui permettaient de faire apparaître des éléments de décors en piste lors des spectacles, comprendre comment était géré le problème hydraulique par les Romains et trouver des vestiges à l’intérieur du puits qui se trouvait au centre de la piste au Moyen-Age. »
Marc Célié,
directeur adjoint INRAP Nîmes.
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Coût des fouilles :
353 608 €
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Durée :
5 mois
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Des nouvelles des chantiers
en cours
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• Les opérations de restauration des travées 53
à 57 se poursuivent jusqu’à mi-décembre.
• Parallèlement débute la première phase d’un chantier de mise en sécurité des points les plus fragiles de l’édifice. La mairie de Nîmes a décidé de faire procéder, principalement à la nacelle, à des interventions conservatoires. La première phase a débuté mardi 15 octobre et s’achèvera à la mi-décembre 2019 pour un montant travaux de 83 000 € HT. La suivante devrait se dérouler à partir du printemps 2020 pour une durée probable de deux ans et demi.
• Au printemps commencera la restauration des travées 58 à 01 jusqu’en juin 2021. Fin 2023 la moitié de la couronne de l’édifice devrait être restaurée, et la totalité en 2034, selon les choix de restauration qui seront adoptés concernant le traitement de la cavea.