Le vieux village de Courbessac

Lieu chargé d’histoire(s), le cœur du village préserve son cachet d’ancien bourg agricole tout en cultivant avec ardeur les liens de voisinage.
Le vieux village prend ses racines autour de la route de Courbessac.
Avant que l’on aménage le contournement, elle était un passage obligé pour se rendre à Poulx – prononcer « Poul »-. La riche histoire connue de ce hameau débute au néolithique, comme l’atteste un mégalithe de 4500 ans situé aux alentours. L’aqueduc romain de Nîmes le traverse également et y a laissé des vestiges bien visibles, un temps utilisés comme champignonnières. Le Plan et Villevieille sont les quartiers qui témoignent le plus de la structure urbaine resserrée de l’ancien hameau agricole : on y trouve une église (une plus ancienne aurait été rasée par les Sarrasins), un calvaire marial, des puits anciens, simples ou à godets, un rinçoir restauré où s’affairaient au linge les courbessadières et les lavandières venues de Nîmes. Un peu à l’écart se trouve un cimetière où sont enterrés les anciens nobles du domaine d’Escattes, protecteurs séculaires des paysans du coin. Au XVIIIe, Courbessac accueille une léproserie et compte 300 habitants. Les cahiers de doléances prérévolutionnaires font état d’une gronde contre le privilège d’exploitation de ces terres par le Chapitre de Nîmes. Culture du ver à soie, de la vigne, de la garance (qui servit plus tard à teindre en rouge les pantalons des poilus), du pyrèthre, insecticide naturel, ou de l’olivier, les productions témoignaient de la richesse des sols, malgré la mauvaise réputation des proches marécages.
Force est de constater que c’est là que l’on vit le plus vieux au XIXe dans la région de Nîmes. D’ailleurs, la population double. Elle stagnera ensuite jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, le développement des lotissements et de l’automobile. Au XXe, une aire de battage du blé au centre du village tient encore lieu de rassemblement des villageois, qui célèbrent en fanfare le 14 juillet. Le reste de l’année, pas moins de quatre cafés assurent l’animation du bourg : café du nord, du centre, rendez-vous des cyclistes et café des amis de la chambrée, réservés à une clientèle masculine. Quelques commerces dynamiques font toujours vivre le cœur battant de ce charmant hameau.
«On a toujours dépendu de Nîmes, mais il règne ici un esprit d’irréductibles»
Maurice Goudet.
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Eléanore Aussel avec Yves Montand lors du tournage du Salaire de la Peur (Collection E. Aussel)
L’association LE Menhir, place de la mairie
Présidée par Jean-Pierre Charaix et Patrick Garcia, l’association compte 140 adhérents. Sauvegarde et étude du patrimoine, réfection des bâtis en pierre sèche, préservation de la garrigue constituent ses principaux objectifs depuis 23 ans. Elle organise des ateliers de pierre sèche ou de découverte de la garrigue, des visites, qu’elle propose aux scolaires, aux groupes ou durant les Journées du patrimoine et édite des bulletins à thème documentés. Plusieurs études sont en cours : arbres remarquables de Courbessac, ancien orphelinat, plaques de faïence du domaine d’Escattes…
http://lemenhirdecourbessac.free.fr
Maurice Goudet, 21 rue Villevieille
Vice-président du comité de quartier, il s’est installé avec son épouse dans la maison de son aïeule il y a 25 ans pour y prendre sa retraite. Depuis, son investissement pour son village n’a cessé de s’affirmer.
Il est de toutes les initiatives locales pour mettre à jour et perpétuer la mémoire courbessadienne. Comme la commémoration de son cousin maquisard Alexandre Sirvins, tué et jeté dans le puits de Celas, ses recherches auprès des anciens propriétaires d’Escattes ou encore sa collection d’outils agricoles qu’il a trouvée dans sa demeure, où l’on peut voir encore un ancien four banal.
comité de quartier Nîmes Courbessac
Séverine Lely, 2306 route de Courbessac
Cette jeune maman installée depuis 2012 incarne la jeune génération de Courbessac, celle des familles nouvellement installées, fréquentant l’école rénovée par la Ville, appréciant l’esprit d’entraide et de convivialité permis par la configuration du petit village. Fan de vintage, elle fait partie du comité de quartier et a réanimé l’année dernière le comité des fêtes, avec l’association des commerçants. Sorties neige, à Lussan, fêtes de Noël, de quartier, vide-grenier, fête des voisins, les initiatives s’enchainent indépendamment de l’arrivée du petit dernier. « Les anciens du village accueillent avec joie les nouveaux habitants. Le quartier reprend vie grâce à cette symbiose. »
Culture Fête Courbessac
Éléanore Aussel, doyenne des Courbessadiers
D’origine Corse, elle est née à Courbessac-les-Nîmes le 17 août 1924. Ici, tout le monde connaît « mademoiselle Aussel », un incroyable bout de femme à l’esprit aiguisé et aux souvenirs précis sur le village d’autrefois. À 11 ans, elle obtient le certificat d’Études avec mention très bien. Correspondante de presse durant 40 ans, elle a mis à de nombreuses reprises ses qualités littéraires au service du village, en tant que membre fondateur du comité de quartier, de l’association du Menhir, ou en tenant la régie des contributions indirectes. De 1939 à 1986, elle s’occupe du dépôt de journaux – bar – tabac, c’est là qu’elle rencontre l’équipe du film du Salaire de la Peur : Montand, Signoret, Clouzot et Vannel prennent la pose à côté de cette célébrité locale. Un temps secrétaire chez un avoué rue Régale, elle fait l’aller-retour deux fois par jour à bicyclette, à raison d’une demi-heure par trajet !