L'ACTUALITÉ DE LA VILLE DE NÎMES

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Les toreros du
Mont Margarot

La Feria de Pentecôte honore chaque année les pionniers de la tauromachie, évènement initié par l’Association française des Aficionados Practicos en 2007. Cet hommage permet de se souvenir de tous ces pionniers dans leur genre qui ont œuvré pour permettre à la tauromachie française son niveau d’excellence actuel.

© Collection Robert Blanco éditions Atelier Baie.

Le début de cette épopée tauromachique débute au sommet du Mont Margarot. Un comble pour un site portant le nom d’Ali Margarot, ancien édile de la Ville qui, par stratégie politique, était anti-taurin. C’est l’histoire de gamins qui jouent avec un taureau mécanique. Ces gamins ce sont Robert Blancou et ses camarades de classe. Sur la corrida, Robert connaît tout. Une transmission familiale dont il a hérité de son père, Maurice, enseignant et aficionado. Ce dernier est à l’origine de la première école taurine sauvage qui s’est créée sur les hauteurs de ce quartier populaire nîmois. Avec son taureau mécanique, Robert se rend en ce début d’été 1958, sur le bassin du Mont Margarot, qu’il transforme avec ses copains de classe en piste d’arène. Alain Montcouquiol se souvient : « Sur ce bassin, un jour j’ai vu de jeunes gens avec un taureau mécanique qui s’amusaient. Cela faisait longtemps que je rêvais de tauromachie. J’ai appris qu’il s’agissait des meilleurs élèves d’un cours privé. Je les regardais en cachette. C’était pour moi la première concrétisation de ce rêve. » Mettant de côté sa timidité, il finit par les rencontrer. « C’était pour eux un divertissement, mais moi je voulais devenir torero. J’espérais rencontrer quelqu’un avec la même folie que moi, ce sera Bernard Dombs (Simon Casas) ».

La première association de toreros

Tous deux étaient animés de la même ambition, celle d’aller plus loin. « Les écoles de tauromachie n’existant pas en France, notre initiation passait par l’imitation de nos lectures. Nous avions entendu que des jeunes en Andalousie avaient traversé à la nage le Guadalquivir pour toréer en cachette les toros d’une ganaderia. Avec Simon Casas, nous avons voulu faire de même et nous avons traversé à la nage le Bas-Rhône pour nous rendre dans une manade de Garons ». Très vite, Alain Montcouquiol et Simon Casas vont quitter le Mont Margarot pour s’entraîner aux Arènes de Nîmes, puis à celles de Caissargues. Le scepticisme autour d’eux quant à une éventuelle carrière de torero va leur donner le courage de partir en Espagne. « On peut dire que ce mouvement collectif était la première association de toreros ». 

Sans le savoir Alain a transmis sa passion à son petit frère Christian qui quelques années plus tard, sous le nom de Nimeño II, deviendra le premier torero français à triompher en Espagne et en Amérique du Sud, ouvrant la voie aux générations actuelles. « La tauromachie à Nîmes a 160 ans, on peut dire que dans les 100 premières années trois Français ont pris l’alternative. De 1963 à aujourd’hui on en compte plus de 60 ».

Une aventure de 9 ans

Du côté du Mont Margarot, l’écho de ces jeunes qui apprennent à devenir toreros dépasse les limites du quartier. Bientôt, des gamins des quatre coins de la ville affluent vers le bassin par curiosité, mais aussi par passion. Si pendant longtemps le taureau mécanique était un amusement, les rendez-vous de ces jeunes nîmois ressemblent de plus en plus à des entraînements de toreros professionnels. Certains commencent à se produire en public. Parmi eux Robert Piles, El Andaluz (Amor Antunez), Chinito (Lucien Orlewski), Dominguito (Dominique Vache) et bien sûr Nimeño II (Christian Montcouquiol). Dans son livre intitulé « Le Taureau Mécanique » Robert Blancou, aujourd’hui retiré du monde de la tauromachie, raconte non sans une grande émotion que son taureau mécanique a roulé une dernière fois sur le bassin le 9 juillet 1967. Date à laquelle Alain Montcouquiol faisait l’après-midi dans l’amphithéâtre nîmois, sa présentation en France comme novillero. Cette épopée tauromachique aura duré neuf ans, laissant place au mouvement des toreros français.

 « Le mouvement des toreros français est né sur le Mont Margarot »

Hervé Galtier,
Président des Aficionados Practicos.

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Christian et Alain Montcouquiol.
© Charles Farine Collection Alain Montcouquiol.

 « Nous, nous étions du Mont Margarot. Nous étions fiers de ce petit morceau de garrigue posé là au milieu des maisons à quelques pas seulement du centre-ville. C’est à l’ombre des arbres, allongés dans
les aiguilles de pins,

que nous nous retrouvions tous les jours après l’école. Nous y passions nos jeudis, nos dimanches, nos vacances aussi. Nous étions tous pressés de nous précipiter à ce rendez-vous pour raconter chacun à notre tour ce que nous avions lu, entendu ou pensé de notre passion commune : les toros et les toreros »

Alain Montcouquiol,
extrait de Recouvre-le de lumière.

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L’hommage aux pionniers de la Tauromachie

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L’association des Aficionados Practicos lance en 2008 la première édition de cet hommage, avec le soutien de Jean-Paul Fournier. Vingt médailles sont créées par l’artiste Nîmois Michel Gilles et le sculpteur Tali. La première récompense est remise à Alain Montcouquiol, qui devient le parrain de la manifestation. Lors de cette cérémonie, un trophée est également remis à un pionnier dans son genre. Pour cette 12e édition qui se déroulera en amont de la Feria au Puit Couchoux, le jeudi 6 juin à midi, sera honoré le torero Denis Loré, premier matador nîmois issu d’une école officielle. Le trophée sera quant à lui remis à un photographe taurin.

Chaque année pour la Feria de Pentecôte, l’association les Aficionados Practicos rendent hommage aux pionniers de la tauromachie.