Tous les quinze jours, des intellectuels nîmois de tous horizons disciplinaires se retrouvent pour débattre de sujets très pointus. Et cela fait plus de trois cents ans que cela dure.
En 1682, l’Académie de Nîmes est fondée par un groupe d’érudits, composé de nobles, d’intellectuels protestants et d’ecclésiastiques, qui avaient l’habitude de se réunir en société littéraire. Après la création de l’Académie française par un Richelieu soucieux de propager la langue française sur un territoire pétri de dialectes, Nîmes est la deuxième académie officiellement instituée par le pouvoir royal. « Son rassembleur est un réformé, son protecteur un évêque, son secrétaire un protestant »* : trois ans avant la révocation de l’Édit de Nantes, elle signe les efforts d’une société nîmoise professant l’humanisme, le goût de la science et des idées au-delà des clivages. Une marque de fabrique jalousement conservée, et sans doute la clé de sa longévité malgré les aléas de l’Histoire.
Age d’or et péripéties
Perturbée un temps par l’exil des protestants, l’Académie reprend son rythme de croisière en 1752, siècle des Lumières oblige. Accueillie dans divers hôtels particuliers, elle tient ses séances chez Jean-François Séguier, qui lui léguera son hôtel et ses collections. La Révolution française la supprime : elle renaît, tel le phénix, sans jamais interrompre ses travaux, sous l’égide du préfet qui lui confie des recherches économiques. Reconnue d’utilité publique en 1871, elle achète l’hôtel du 16 rue Dorée en 1919 et s’y installe définitivement, affirmant sa totale indépendance.
Plus active que jamais
De nos jours, l’Académie reste très active : conférences bimensuelles, édition de travaux de recherche, accueil de membres honoraires de haut vol (Jean d’Ormesson, Dany Laferrière…), organisation de colloques avec les académies de l’Arc méditerranéen… Fin du salariat, biographie d’Emile Espérandieu, histoire du train de Camargue ou de l’industrie du vers à soie : la dernière édition en date reflète bien l’éclectisme qui anime l’institution. Elle reste soumise à des contraintes budgétaires d’accueil du public qui pourraient laisser croire qu’elle cultive la discrétion. Mais grâce à internet, ses publications sont accessibles en un clic : fière de son passé, l’Académie a su franchir les siècles avec succès !
* Christian Liger, Nîmes sans visa.
Plus d’infos :
16 rue Dorée, ouvert les mardis et vendredis de 14h à 18h
(sur rendez-vous au 06 22 66 08 52 ou academiedenimes@wanadoo.fr).
Site : academiedenimes.org
Séance ouverte au public le 3 février, à l’Atria.
Société savante d’utilité publique, l’Académie de Nîmes est rattachée à l’Institut de France, à l’instar de ses 31 consœurs régionales.
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Société savante d’utilité publique, l’Académie de Nîmes est rattachée à l’Institut de France, à l’instar de ses 31 consœurs régionales.
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L’HÔTEL DE L’ACADÉMIE
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Propriétaire de l’hôtel Guiran du 16 rue Dorée, l’Académie fêtera en 2019 les 100 ans de son installation en ces lieux, après deux siècles d’errance. La porte d’entrée de cette maison bourgeoise du XVIe siècle affiche l’inscription latine « Ne quid Nimis » (« Rien de trop »), devise invitant à la sagesse. Sa cour d’honneur renaissance est un petit bijou d’architecture.
9 000
livres
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45 000
cartes postales
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80 000
documents numérisés
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LE SAVIEZ-VOUS ?
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Qui dit académie dit statuts gravés dans le marbre, avec un président annuel (actuellement Bernard Simon), un Bureau élu pour cinq ans et un secrétaire perpétuel. Elle est composée de 60 académiciens à vie, dont 36 résidant à Nîmes ou dans son agglomération. Ces derniers se répartissent équitablement en trois groupes : les protestants, les catholiques et les « ni l’un ni l’autre », appelés « indépendants », voire « sauvages » (humour académique !). Pour intégrer ces groupes, il faut obéir à un rituel bien rodé : quand un fauteuil se libère, le groupe concerné fait des propositions au Bureau sur des personnalités qui ont précédemment déjà publié. Après examen, la candidature est présentée au collège des anciens présidents. Par ses trois parrains, le candidat est soumis au vote en séance ordinaire.
Un délai de 5 semaines est requis avant le vote définitif aux deux tiers des voix. L’entrant(e) doit ensuite faire un discours d’éloge sur la personnalité qu’il remplace.
« Bien que notre institution soit privée, nos travaux sont d’intérêt public et nous nous attelons à la numérisation de nos ouvrages et à leur inventaire. Cela nous permet d’avoir un site internet ouvert à tous et bien documenté »
www.academiedenimes.org
Alain Avanturier
secrétaire perpétuel de l’Académie, gestionnaire du site internet
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